J’ai quitté le Parti pour Dieu
Géologue, Lucien Barnier est un scientifique pour lequel le communisme a représenté un idéal de jeunesse, une réalité enivrante, puis une succession de déceptions qui l’ont conduit à une nouvelle philosophie de l’existence, celle-là fondée sur la foi en Dieu.
C’est cette démarche qu’il nous décrit ici. Il s’agit d’une expérience personnelle concrète, non d’une réflexion politique sur l’échec de la doctrine marxiste et ses erreurs à la manière des « nouveaux philosophes ». Il s’agit de la description simple, frappante et convaincante d’une succession de faits et d’évidences qui déçurent le militant de jadis et lui firent perdre toute confiance dans les maîtres de l’Internationale.
C’est d’abord le refus du droit à la protestation que L. Barnier dénonce puis les mesquineries qui encombrent la vie quotidienne et qui progressivement ne l’ont plus fait se « sentir solidaire de ce pays » (l’URSS) où pourtant il avait fait une entrée enthousiaste et heureuse.
Retraçant ses élans de jeunesse puis sa carrière professionnelle, l’auteur analyse les étapes de sa désaffection du communisme en notant très simplement ses pensées profondes sur l’origine de l’humanité, réflexions qui le conduisent à sa prise de conscience de Dieu.
Ce n’est ni Pascal ni Descartes, c’est un journaliste qui livre maintenant sa réflexion sur les « espaces infinis » et sur ce qu’ils lui inspirent sur la place de l’homme dans le monde et les « lois » qui régissent ce monde.
Proche de l’« homme de la rue », il saura peut-être mieux le convaincre. Ce qui frappe, c’est la « singularité de l’être humain au sein de l’animalité », c’est le fait que l’« homme n’est pas un phénomène quantitatif ». Esprit formé « au respect intransigeant des lois scientifiques », il découvre en un effort suprême l’« idée de la Création » et celle du Créateur.
Il montre ainsi à merveille le besoin absolu qu’éprouve l’homme d’une « idée de la vie ». Il affirme : « je ne puis vivre sans ce bagage ». Ayant découvert que la philosophie communiste reposait sur un axiome erroné, il a cherché le bonheur dans cette aspiration à l’infini que seul, selon lui, le christianisme satisfait.
Ces réflexions sur sa démarche personnelle nous valent quelques belles pages sur la décadence de la civilisation (sans vouloir pour autant nous endoctriner sur la « crise du monde bourgeois » comme aurait tenté de le faire un fidèle du Parti…), sur la laideur d’un certain journalisme et l’avenir du monde.
L’ouvrage est remarquable, il faudrait le faire lire à ceux qui nourrissent encore des illusions sur les possibilités du communisme à rendre le monde meilleur et aussi à ceux qui refusent toute aspiration religieuse et qui croient qu’un engagement communiste peut leur fournir un substitut valable à ce qui est une dimension essentielle de l’homme. ♦