Si bataille il y a un jour en Europe, elle sera d'emblée nucléaire, tout l'indique dans la littérature militaire soviétique. Comment nous préparer à ce « Blitzkrieg nucléaire » dont nous sommes clairement avertis ? Comment surtout rétablir au niveau européen une dissuasion qui, si elle échouait, ne nous laisserait guère le choix qu'entre la capitulation et le suicide ? Cet article ne préjuge nullement des causes qui pourraient conduire à un tel conflit et il ne prétend pas désigner à l'avance un agresseur. Il se borne à écouter les maîtres de l'art militaire soviétique et à en tirer les implications logiques pour notre propre tactique et pour la consolidation de la dissuasion.
« Blitzkrieg nucléaire » et dissuasion
« Quelle que soit la légitime bienveillance que l’on puisse avoir pour ses propres conceptions, il est parfois utile d’observer celles des autres », aurait dit Winston Churchill.
Or, c’est précisément ce que vient de faire, pour le compte du Pentagone, l’Américain J.D. Douglass Jr. Il a étudié toutes les publications soviétiques des dix dernières années, et les deux tiers des 70 textes analysés portent sur les trois dernières années. Ce travail considérable est synthétisé dans un ouvrage dont le titre, « The Soviet Theater Nuclear Offensive », est en lui-même un avertissement. Car c’est l’Europe occidentale qui a, depuis quelque temps, le redoutable honneur de représenter le « théâtre » d’opérations militaires éventuelles dans le vocabulaire — et apparemment dans l’esprit — des deux Grands…
Pour peu que l’on prenne ce travail au sérieux — et les Deuxièmes Bureaux sont là pour en juger la valeur — la prudence la plus élémentaire conseillerait d’y réfléchir. En outre, la moindre courtoisie vis-à-vis de l’adversaire potentiel imposerait de ne pas se moquer de projets qui nous concernent directement et qu’il a l’obligeance d’afficher à l’avance.
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