Encyclopédie de la guerre 1939-1945
L’encyclopédie, que présentent les éditions belges Casterman, sur la guerre 1939-1945, comble une lacune et marque une étape. Le second conflit mondial a été en effet l’objet d’un flot de littérature historique où le meilleur côtoie le pire. Plusieurs synthèses sont parues, notamment celle d’H. Michel en 1968-1969 aux Presses universitaires de France, mais elles étaient contraintes à suivre l’ordre chronologique. Or, la difficulté de l’exposé en cette matière tient à l’extrême dispersion géographique et à la multiplicité des combats contemporains pendant ce conflit. La solution, ici adoptée, du dictionnaire permet de ne rien négliger tout en suggérant les recoupements et les interactions par les renvois d’un article à l’autre. Ainsi maintes lacunes sont comblées qu’un récit traditionnel ne peut éviter quel que soit le talent du ou des auteurs.
La partie la plus neuve et la plus intéressante de cet ouvrage concerne les articles de technique militaire que les historiens ne traitent souvent qu’en passant. Or, la seconde guerre mondiale est très fertile en innovations technologiques, et si l’on ne dispose pas de tous les renseignements sur l’armement, la logistique, l’organisation, les techniques nouvelles de combat, beaucoup de faits et de retournements de situation demeurent incompréhensibles. Parmi les articles concernant ce domaine, ceux du général H. Bernard sont très remarquables et très clairs en dépit de leur technicité : citons ceux sur l’histoire de la « bombe atomique », les « avions », les « opérations combinées », les « chars », « l’effort de guerre britannique », le « commandement des différentes armées », les « ports artificiels », etc., celui du docteur Y. Ternon sur la « santé ».
L’autre intérêt de cette Encyclopédie est de fournir des biographies des héros de premier comme de second plan que le récit historique ne peut saisir qu’au hasard des événements et par bribes. Ainsi la dimension humaine d’un conflit si vaste est-elle retrouvée.
Mais à côté des articles attendus sur les différents théâtres d’opérations et que les auteurs ont voulu synthétiques au maximum, les sujets brûlants ou objets de polémiques n’ont pas été éludés au nom d’un académisme où se complaisent trop souvent les dictionnaires. Les auteurs ne cachent pas d’ailleurs leurs préférences. Citons notamment le très complet article sur « la collaboration » qui fait le point sans appel contre les partisans de l’indulgence, ou ceux sur « la résistance » ou « l’épuration » dans les différents pays.
Mais cette Encyclopédie, c’est le destin de toutes les encyclopédies, n’est qu’une étape. Le degré d’avancement des connaissances est inégal selon les sujets traités et les nouvelles recherches ne tarderont pas à compléter bien des articles. C’est pourquoi au lieu d’une bibliographie générale à la fin du volume, on aurait préféré une bibliographie succincte par article pour permettre au lecteur de pousser plus avant ses études selon ses centres d’intérêt. Le dosage des articles, d’autre part, est parfois discutable. Certaines biographies paraissent bien courtes, comme celle de Mao Tsé-toung, d’autres de peu d’intérêt comme celle de Charlotte de Nassau. Quant à l’article sur le Blitzkrieg, il est un peu court, eu égard à l’importance du problème.
Ces quelques réserves sont mineures à côté des services que va rendre au chercheur comme au curieux cette Encyclopédie. ♦