Montgomery of Alamein
Fascinant ou détestable, chef de guerre charismatique ou systématiquement surfait, le personnage est si difficile à cerner que ses biographes semblent voués à l’hagiographie ou au dénigrement. Comment naviguer entre ces écueils lorsque, difficultés supplémentaires, l’auteur s’attaque à la biographie du vivant du héros et que celui-ci refuse l’accès à ses archives personnelles ? Tels furent quelques-uns des obstacles auxquels se heurta Lord Chalfont.
Qu’a voulu faire l’auteur ? « Le portrait de l’homme plutôt que du général, une histoire que j’ai voulue simple : l’histoire d’un homme que tous les Britanniques appellent aujourd’hui, sans avoir à préciser, le Maréchal ». Mais si l’histoire se veut simple, l’homme est complexe et le livre se clôt par une interrogation : « comment expliquer que cet homme courageux, intelligent, travailleur, mais vaniteux, entêté et sans imagination, souvent abrupt, ait réussi à se hisser au sommet de sa profession et à s’attirer l’admiration et l’estime de toute une génération ? » L’auteur esquisse une dernière réponse : « probablement parce qu’il fut l’homme que réclamait une situation dramatique et on ne peut que souhaiter à la Grande-Bretagne de n’avoir plus jamais besoin d’un Montgomery ».
Le lecteur retrouvera donc un récit alerte de la vie de Bernard Montgomery, l’accent étant mis sur quelques phases de sa vie privée qui paraissent à l’auteur avoir eu une influence déterminante sur son comportement : son enfance marquée par un manque total de contact entre mère et fils, la fin tragique de sa brève vie conjugale. Si les récits des opérations auxquelles il participa ou qu’il commanda sont évoqués, c’est d’une manière impressionniste : l’auteur ne se livre pas à une analyse critique des décisions du commandant d’armée ou de groupe d’armées que fut Montgomery à El Alamein, en Sicile et Italie, en Normandie ou ultérieurement. Ce livre n’est pas un livre d’histoire militaire. D’autres ont déjà mené ces études, et l’on se rappelle toutes les passions qui entourent le rôle de Montgomery à El Alamein, ou dans les opérations de la plaine de Caen ou à Arnhem. Reste un ouvrage qui se veut objectif et lucide, ne négligeant ni les ombres ni les lumières de ce portrait de haut-relief. ♦