Pour un observateur non averti, les diverses alliances et unions conclues par l'Égypte depuis 20 ans peuvent paraître déroutantes par les retournements, les brouilles et les réconciliations auxquelles elles ont donné lieu. Mais si l'on tient compte – comme le fait tout d'abord l'auteur qui connaît parfaitement ce pays – des données historiques et géographiques permanentes qui commandent l'action de l'Égypte, on en découvre alors toute la logique et même la sagesse. L'article constitue un remarquable et clair panorama de la politique extérieure du Caire de 1957 à 1977.
Traits originaux et vocation arabe de l'Égypte
L’Égypte est une oasis. Certes, il s’agit de la plus peuplée, de la plus fertile, de la plus puissante oasis du monde : la seule à être devenue un État, et un État de près de quarante millions d’âmes.
Mais ces traits d’extraordinaires grandeur et réussite ne modifient guère les caractéristiques de la cité oasienne, et n’abolissent pas ses nécessités. D’une façon générale, la gestion des ressources y exige une autorité ferme, attentive et surtout stable, car l’utilisation régulière et rationnelle des eaux exclut la tolérance du moindre désordre. L’isolement y favorise, avec une juste fierté, les sentiments particularistes ; mais la sécurité implique d’abord le contrôle des déserts environnants, et l’entente avec ceux qui possèdent leurs prolongements. Enfin la cité oasienne est souvent un carrefour de grandes voies de communication, exerce leur surveillance et dépend de leur prospérité ; le paradoxe géographique étant toutefois que, dans le cas particulier de l’Égypte, il s’agit surtout d’une voie d’eau, le canal de Suez.
Cependant, il est un autre paradoxe, politique celui-là, qui marque le destin de l’Égypte : ce pays, si particulier et si isolé, occupe dans le monde arabe, de par la culture et par l’histoire, une place considérable, vraiment centrale, on serait tenté de dire souveraine.
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