PC Vincennes. Secteur 4. Tome I
Les deux tomes que M. Jacques Minart a publiés sous ce titre, évoquent un autre livre qui assura, au lendemain de la Première Guerre mondiale, la célébrité rapide de son auteur, Jean de Pierrefeu. Il en diffère cependant, radicalement. On peut sans doute y trouver, en maints passages, de rapides et pittoresques esquisses des principaux acteurs de la Seconde Guerre mondiale et, notamment, du chef du PC de Vincennes, finement croqué dans sa silhouette et ses gestes familiers.
Mais le dessein de M. Jacques Minart paraît avoir été plus élevé que celui de Jean de Pierrefeu. En réalité, ces deux volumes constituent la première esquisse sérieuse que l’on ait tentée d’une histoire de la guerre de 1939-1940. Elle s’étend, en effet, des premiers jours mêmes des hostilités, jusqu’au départ du général Gamelin. Elle embrasse les principales actions de la tragédie qui devait s’achever si tristement pour les armes françaises. Elle traite aussi bien de l’avance de nos troupes en territoire allemand, que de la guerre de stabilisation, que de la guerre en Finlande et en Norvège, et que de l’offensive en Belgique.
L’auteur ne craint pas de mettre à nu les erreurs et les défauts d’organisation ou de jugement, qui entraînèrent les résultats que l’on sait. À l’insuffisance de l’effort militaire et industriel, il joint, dans un diagnostic modéré, mais, au fond, sévère, l’absence d’une organisation logique et d’un fonctionnement normal de ce PC de Vincennes, qui devait, dans sa pensée, être comme le centre nerveux de la lutte sur le continent et qui, par la carence de son chef, ne fut, la plupart du temps, qu’un poste d’observation presque désintéressé, dépourvu de toute action efficace.
L’ouvrage, sérieusement étayé, contient la reproduction de nombreux documents et de multiples statistiques. Il n’a point, comme son prédécesseur, visé au brillant, ni revêtu les allures d’un pamphlet caustique : avec un souci presque émouvant de la vérité, il cherche à préciser les causes de ces événements tragiques, en une première approximation dont dès maintenant, peuvent se dégager des enseignements, notamment au point de vue de la réorganisation du Haut Commandement et de toutes nos institutions militaires.