Les années terribles de l’espérance
Lucien Barnier a mis toute sa passion de visionnaire des temps futurs dans ce livre foisonnant d’idées, de contradictions et de paradoxes.
Des années terribles nous menacent ; elles sont presque là : ce sont celles de la prochaine décennie, 1980-1990. Ces années seront terribles parce qu’elles marqueront à la fois le terme de près d’un siècle de progrès scientifiques et technologiques stupéfiants et le point de départ d’une nouvelle civilisation appelée à remplacer définitivement la civilisation judéo-chrétienne que nous connaissons.
Pour prévoir ce que sera cette nouvelle ère – si proche – de l’humanité, l’auteur a choisi d’analyser – en clinicien, pourrait-on dire – le contenu potentiel et l’aboutissement logique de ce qui vient de s’accomplir ou de ce qui s’accomplit encore sous nos yeux. Avec l’aisance, la faconde et la connaissance des plus récents dossiers qui lui sont propres, il passe du domaine des idées philosophiques abstraites à celui des contingences politiques et sociales et de là à celui de la recherche et des techniques de points, pour revenir à l’histoire événementielle et repartir dans la génétique. Il n’est pas toujours facile à suivre dans le détail de ces numéros de haute voltige. Mais lorsqu’au terme d’une dernière acrobatie, sa conclusion éclate comme le bouquet final d’un feu d’artifice, on ne peut s’empêcher d’être impressionné et même, parfois, ébloui.
Le défaut de cette méthode d’exploration tous azimuts est sans doute de ne pas tenir compte des différents degrés d’urgence que les hommes d’aujourd’hui attribueront aux problèmes actuellement en chantier, ni du choix qu’ils seront amenés à faire au cours de la décennie qui nous sépare encore du monde de demain. De sorte qu’il n’est pas assuré que tout ce que prévoit Lucien Barnier aboutisse. Les données du départ vers l’avenir ne seront peut-être pas exactement celles qu’il imagine.
L’essentiel cependant, pour Lucien Barnier, c’est d’assumer pleinement cet avenir. Et c’est ce à quoi il nous convie dans le dernier chapitre : « Vivre avec le futur » de son livre. Nous pouvons, pense-t-il, « nous donner la chance inespérée d’organiser le destin de ce monde tout neuf, issu d’une véritable mutation… C’est en ce sens que ces années terribles deviennent authentiquement celles de l’espérance ». ♦