Les relations internationales
Il s’agit en principe d’un simple précis destiné aux étudiants et concernant ce qui, antérieurement, était appelé « Institutions internationales » – elles-mêmes branche détachée du classique « Droit international » – et qui est devenu depuis peu les « Relations internationales ». Peut-être une telle évolution explique-t-elle que ce « précis » se présente plus comme un ensemble de réflexions – de qualité d’ailleurs – que comme un instrument didactique. Mais ne serait-ce pas, plus encore, les idées de l’auteur qui seraient déterminantes pour une telle orientation ? C’est sans doute ce qui confère à cet ouvrage un intérêt presque insolite tout en suscitant quelques réserves.
Ce sont en effet surtout les thèses marxistes sur les relations internationales que Pierre-François Gonidec expose avec un réel talent. Ce faisant, il permet incidemment de mieux saisir certaines attitudes auxquelles, dans les conférences internationales, se heurtent parfois les délégations françaises et, plus encore, d’autres délégations occidentales moins attentives que les nôtres aux aspirations du Tiers-Monde. Mais c’est là un point de vue de professionnel plutôt qu’un enseignement.
Malgré son souci d’objectivité formelle, l’auteur ne parvient pas à éviter certaines simplifications, par exemple lorsqu’il affirme que l’impérialisme et le colonialisme sont les fruits exclusifs du capitalisme – comme si les empires d’Alexandre, de Rome, des Mongols et bien d’autres n’avaient jamais existé – ou lorsque, après avoir reconnu que, sous Staline, l’URSS avait parfois cédé à des « tendances hégémoniques », il déclare que, le socialisme étant « par nature à l’opposé de l’hégémonie », l’Union soviétique serait maintenant revenue « à des conceptions plus saines des relations internationales » – négligeant ainsi l’intervention à Prague en 1968 – ou encore lorsqu’il fait de la lutte des classes le moteur principal des relations internationales.
Au demeurant, un ouvrage de qualité, utile au praticien pour mieux saisir certains aspects souvent méconnus de la vie internationale – par exemple au sujet des sociétés multinationales. Mais il est nécessaire d’être suffisamment informé des affaires internationales pour pouvoir, le cas échéant, apporter les correctifs qu’appelle une orientation unilatérale. ♦