Les grands problèmes de l’éducation dans le monde
Fondé sur les rapports établis par les gouvernements pour les conférences spécialisées de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), ce volume s’ouvre sur un constat : « Dans toutes les régions du monde, les systèmes nationaux d’éducation subissent des changements nombreux et profonds. Il n’est pas de pays qui ne signale des réformes globales ou partielles. L’éducation est partout en mouvement ». Qui plus est, « le besoin de changement est partout ressenti ». Qu’il s’agisse des jeunes États d’Asie ou d’Afrique, à la recherche d’un système éducatif adapté à leurs besoins comme à leur originalité culturelle, ou des pays dont les institutions scolaires et universitaires ont derrière elles un long passé, les autorités responsables aussi bien que les organes consultatifs et les experts sont partout en train de préparer, d’adopter ou d’appliquer de nouvelles réformes. « Le changement est rarement subi comme une contrainte ; on le souhaite, on l’appelle, on le provoque ».
En 1968, lorsque parut le livre de Philip Coombs qui annonçait « la crise mondiale de l’éducation », le seul mot de crise sonnait comme un avertissement redoutable. Aujourd’hui, on ne peut plus parler d’une crise, c’est-à-dire d’un état soudain et provisoire. « L’éducation s’est installée dans le changement, qui paraît désormais une condition nécessaire du progrès ». Certaines réformes tirent leur origine d’un changement dans la politique générale du pays. Dans d’autres cas, les changements sont présentés comme des étapes dans la réalisation d’une réforme précédemment adoptée. L’ardeur au changement trahit une inquiétude qui s’accroît à mesure que le temps passe, devant la persistance des mêmes problèmes, qu’il s’agisse des déperditions scolaires, des retards scolaires, des facteurs d’inégalité, de la difficulté à concevoir et à appliquer une thérapeutique, de l’inadaptation des systèmes d’enseignement, du coût de l’éducation, etc.
Jean Thomas étudie successivement l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire en lui-même et dans ses rapports avec la formation et l’emploi, les difficultés et les perspectives de l’enseignement supérieur, l’éducation des adultes, les exigences de l’innovation, avant de poser le problème global en termes de coopération internationale. Les questions sont angoissantes. Dans la mesure où elle est un facteur de développement, l’éducation doit être traitée comme un moyen parmi les autres. Mais si on lui reconnaît la mission de former l’homme total, d’« apprendre à être », elle devient la plus haute ambition de chaque personne, de chaque société, elle n’est plus un moyen mais un fin. Son drame, c’est qu’elle est constamment partagée entre des exigences contraires. ♦