La fin d’un monde – 1914-1929
L’un des mérites, et non des moindres, de la collection « Points-Histoire » est d’offrir à ses lecteurs des synthèses de qualité, particulièrement utiles aux étudiants. De ce point de vue, l’ouvrage de Philippe Bernard, qui fût maître-assistant à l’Université de Paris I, ne déçoit pas, malgré la difficulté du sujet et s’agissant d’une période aussi chargée en événements.
Tenant compte des résultats des recherches historiques les plus récentes, l’auteur divise son sujet en deux grandes parties : la guerre de 1914-1918 proprement dite et ses conséquences pour la France jusqu’à la grande crise de 1929.
L’intérêt de l’étude tient ici moins à la relation de type événementiel, d’ailleurs bien connue, qu’aux synthèses économiques, politiques ou sociales qui la complètent : « l’économie de guerre », « les formes du gouvernement de guerre », « la guerre des civils », autant de sujets traités avec pertinence et brio, ainsi qu’en conclusion un bilan matériel et politique, « l’année 1919 ».
Quant à la période de l’après-guerre, elle est traitée en quatre chapitres dont les titres à eux-mêmes sont significatifs des déceptions et des amertumes qui suivirent la victoire : « les illusions monétaires », « les illusions de la puissance », « les limites de la prospérité » et « les illusions du consensus ».
L’ensemble dégage bien l’échec final que connut une expansion économique d’abord rapide mais vite bloquée par les archaïsmes et le malthusianisme que les lourdes pertes humaines du conflit et la dénatalité persistante rendirent plus aigus.
Par sa qualité générale et la valeur de ses synthèses partielles, l’ouvrage de Philippe Bernard constitue en définitive un apport extrêmement positif tant pour le profane que pour le spécialiste. On regrettera d’autant plus vivement la récente disparition prématurée de ce jeune auteur de talent. ♦