Sociétés et civilisation russes au XIXe siècle
Constantin de Grunwald est un spécialiste de l’histoire de la Russie. Sa production dans ce domaine est d’autant plus abondante qu’il a la plume facile et que son information – considérable – est à base de lectures et de réflexions sur ce qu’il a lu, plutôt que le résultat d’une véritable recherche historique au sens scientifique du terme. Il n’y a pas lieu de s’en plaindre pour ce qui concerne l’ouvrage qu’il nous propose aujourd’hui, qui n’a que faire des documents d’archives et de leur minutieuse analyse, car il ne se propose que de reconstituer l’atmosphère et la tonalité générale d’une époque. Pour une telle entreprise, c’est la connaissance de la littérature, plus particulièrement des correspondances et des mémoires, et celle des arts – en un mot de tout ce qui s’acquiert par la lecture, ou dans les musées, ou dans les salles de concert – qui constitue la matière première de l’écrivain. Son imagination et sa sensibilité font le reste. D’où le caractère subjectif prédominant de ce genre d’ouvrages.
Dans le cas particulier présent, l’auteur, tout en coloriant le passé à son idée, n’a pas voulu se départir d’une extrême prudence dans le choix des teintes et des contrastes. Faut-il lui en savoir gré ? Ou doit-on regretter un pinceau plus vigoureux qui aurait mieux et plus accroché l’attention ?
Si on voulait se cantonner au plan didactique – et c’est là, après tout, un des buts principaux de la collection dans laquelle a paru le livre – il y aurait certainement de bons points à attribuer à certains chapitres. À ceux, en particulier, qui traitent du servage, de l’émancipation et de ses conséquences. Ces questions – à vrai dire très passionnantes et riches en problèmes juridiques, constitutionnels et plus simplement humains – sont peu connues et mal étudiées en France. Les aperçus qu’on trouvera à leur sujet dans l’ouvrage de Constantin de Grunwald contribueront peut-être à ouvrir l’appétit de quelques lecteurs. ♦