Libération de Lyon et de sa région
Chacun des ouvrages de la collection « Libération de la France » pose un problème particulier. L’expérience et les opinions de chaque auteur donnent aux exposés une marque originale. Le livre de Fernand Rude sur la libération de Lyon et de sa région illustre bien cette variété. L’auteur ancien résistant du Vercors et sous-préfet de Vienne à la Libération, a vécu au cœur de l’action qu’il étudie. Historien du mouvement ouvrier, il s’intéresse tout spécialement au rôle que jouèrent les syndicats dans la Résistance. Il en vient ainsi naturellement à poser et à développer les deux problèmes essentiels qui caractérisent la libération dans la région lyonnaise.
À quel moment donner le signal de l’insurrection ? La décision était particulièrement difficile à prendre. Avant le débarquement en Provence du 15 août, les Allemands disposaient encore d’une liberté d’action relative qui leur permettait de s’attaquer en force aux concentrations de maquis. Après le 15 août, la XIXe Armée allemande qui se repliait en bon ordre par la vallée du Rhône, ne pouvait accepter d’être inquiétée sur ses arrières. Cette situation condamnait à l’échec l’insurrection de l’agglomération lyonnaise et les résistants lyonnais se sentirent frustrés d’une victoire qu’ils croyaient possible et qui l’aurait été si le soulèvement avait été plus tardif.
Après la libération, la région Rhône-Alpes, plus encore que d’autres, manifesta son indépendance à l’égard du Gouvernement provisoire de Paris. Les Comités départementaux de libération de la région se réunirent à Vizille pour prendre diverses décisions relatives à l’épuration, à l’armée et aux structures économiques. Quelques jours plus tard, au cours de deux assemblées baptisées « congrès de Valence » et « États généraux d’Avignon » les comités de libération de la « République Rhône-Alpes » s’efforcèrent, avec des représentants d’autres régions du midi de la France, de définir les bases d’un pouvoir régional. Cette tentative était vouée à l’échec car les Commissaires de la République demeurèrent les agents fidèles du Gouvernement provisoire.
À Lyon, ce fut Yves Farge, qui sut s’imposer aux différentes tendances de la résistance lyonnaise et qui, au prix d’une intense activité, réorganisa les circuits administratifs et économiques.
Autant par ce qu’il nous apprend sur la forte personnalité d’Yves Farge que par les problèmes qu’il pose, le livre de Fernand Rude ne laisse pas indifférent. ♦