World Armaments and Disarmament
L’annuaire du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) porte, comme son titre l’indique, sur les armements et le désarmement. Il décrit, avec le maximum de faits à l’appui, les changements essentiels survenus au cours de l’année écoulée dans ces domaines pour chaque pays et à l’échelle mondiale. Cet annuaire, de même que toutes les publications du SIPRI, fait autorité en la matière et constitue l’ouvrage de référence utilisé par tous les spécialistes de l’information de défense et par les participants aux divers colloques, forums et négociations relatifs à ces questions. L’ouvrage contient de très nombreux tableaux, listes et annexes, fournissant une mine de renseignements et représentant un travail considérable, ainsi qu’un index qui facilite les recherches.
L’annuaire de 1976 comprend essentiellement trois parties : une revue des principaux événements de l’année, le développement des armements mondiaux en 1975, les progrès accomplis dans le sens de l’arms control et du désarmement.
Les données essentielles fournies par l’ouvrage de 1976 permettent de dégager les tendances suivantes :
En 1975, les dépenses militaires mondiales ont atteint 280 milliards de dollars. Dans ce total, la part de l’Otan et du Pacte de Varsovie va en déclinant (78 % au lieu de 91 % en 1955). La valeur des armements livrés au Tiers-Monde a augmenté de 20 % au cours de l’année, faisant suite à un accroissement qui avait été de 40 % en 1974. Les marchés concernent surtout le Moyen-Orient ; les nombres d’avions de combat et de chars recensés dans cette région sont comparables à ceux des forces Otan en Europe.
En ce qui concerne les Conversations pour la limitation des armements stratégiques (SALT) entre les deux Grands, l’accord réalisé fin 1974 à Vladivostok n’a pas été converti en traité. La course à la qualité (précision, capacité de pénétration, etc.) de ces armements a continué, l’obstacle principal à la conclusion d’un accord SALT II demeurant les fameux missiles américains dits de croisière (cruise missile). Et cependant, cette course aux armements n’a procuré aucun avantage stratégique décisif aux protagonistes. Mais on peut être inquiet de ses retombées sur les autres puissances avec les menaces graves qu’elles comportent pour la stabilité de certaines régions. On ne peut qu’être effrayé à la pensée qu’en 1980, la production mondiale annuelle de plutonium atteindra quelque 80 t., soit une quantité d’explosif suffisante pour fabriquer 10 000 armes tactiques.
Les deux superpuissances qui voudraient interdire aux autres tout essai nucléaire ne se gênent guère de leur côté puisque sur les 1 045 explosions nucléaires qui ont eu lieu après la signature du Traité de non-prolifération (TNP) de 1968, la plupart ont été faites par elles. Rien qu’en 1975 on a compté 33 explosions nucléaires : 16 opérées par les États-Unis et 14 par l’Union soviétique – dont respectivement 5 et 2 furent supérieures à 1 mégatonne –, 2 par la France et 1 par la Chine.
L’annuaire donne également de nombreux détails sur la production et le stockage des armes chimiques et sur les ravages causés par l’emploi des défoliants et des herbicides (Vietnam).
Les auteurs ne cachent pas leurs craintes de voir « l’équilibre de la terreur » s’effondrer un jour. Ils redoutent la déstabilisation à laquelle cette course technologique conduit – ce serait le cas par exemple si les recherches sur les moyens de lutte anti-sous-marine faisaient un pas décisif, mettant ainsi fin à la quasi-invulnérabilité des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins – et ils estiment que les campagnes actuelles pour réduire la peur des conséquences d’une guerre nucléaire accroissent le risque de son déclenchement.
Il est dommage que les éditeurs du SIPRI n’offrent pas une version française de l’annuaire. ♦