La paix
Ce petit livre est une mine de réflexions et de suggestions en vue d’une recherche originale. Les premiers chapitres qui survolent l’histoire de l’humanité dans ses relations avec l’idée de paix (et, partant, de guerre) peuvent paraître au premier abord un peu théoriques, parfois même contestables. Mais au fur et à mesure que le lecteur avance, l’argumentation de l’auteur se fait plus pressante et plus convaincante.
M. Bouthoul, président-fondateur de l’Institut de Polémologie, soutient que la guerre et la paix sont des phénomènes dont le développement et l’évolution peuvent et doivent faire l’objet d’une étude scientifique, au même titre que des phénomènes biologiques. Au passage, il relève l’inefficacité – au moins relative – des aspirations purement sentimentales vers la paix. Les pacifistes systématiques, dit-il, sont souvent des fauteurs de guerre involontaires, alors que de grands empires forgés par la guerre ont parfois établi une paix durable. Mais, conduisant son lecteur bien au-delà de ces paradoxes apparents, il évoque en passant certains efforts spirituels pour écarter la violence, et surtout il insiste sur ce qu’il appelle « les recherches scientifiques sur la paix ». C’est la partie la plus riche et la plus constructive de son livre. Il constate par exemple que l’élimination de ce que l’on considère traditionnellement comme les causes des guerres (querelles dynastiques, conflits religieux, affrontements économiques, violences structurelles, impérialisme, etc.) n’a presque jamais supprimé la guerre elle-même, comme si celle-ci avait des racines bien plus profondes, dans des réalités encore à découvrir. Il accorde, à ce titre, aux facteurs démographiques un rôle capital qu’on jugera peut-être excessif.
La lecture de son livre met en lumière les possibilités, encore à peine explorées, de la recherche polémologique. ♦