Conscience et pouvoir
S’il n’y avait pas le titre de la collection et la mention en petits caractères « Science administrative » qui l’explicite, on pourrait rester perplexe devant la nature du sujet choisi par Robert Catherine et Guy Thuillier. En fait, il s’agit d’une sorte de mémento, qui passe en revue les motivations, dans l’exercice de leur métier, des agents de la puissance publique. À quels impératifs obéissent-ils ? De quelles vertus doivent-ils faire preuve ? Quels sont leurs devoirs vis-à-vis de l’État et vis-à-vis des administrés ?
C’est là un sujet qui défraie souvent les conversations, mais on l’aborde plus souvent sous l’angle des comportements individuels ou collectifs que sous celui de la morale psychologique qui a été choisi par les auteurs. On sera certainement surpris de constater, en suivant leurs développements, à quel point la qualité et l’efficacité du pouvoir administratif sont liées aux valeurs traditionnelles de la morale et de l’humanisme. On suivra avec intérêt les analyses qui établissent la nature exacte de ces liens et qui peuvent, de ce fait, aider administrateurs comme administrés à se « mieux connaître ».
Il ne faut pas se méprendre sur le fait que ce livre, qui laisse une très large place aux raisonnements, aux déductions et, d’une manière générale, à la théorie, n’est pas d’une lecture particulièrement facile, malgré le soin mis par les auteurs à bannir tous les mots et toutes les notions qui pourraient être ignorés des lecteurs non spécialistes. L’effort intellectuel auquel nous sommes conviés est encore accentué par l’absence systématique d’exemples concrets qui faciliteraient la compréhension. Mais cet effort est tout à fait à la portée des étudiants, de ceux surtout qui se destinent à la fonction publique à un niveau élevé. Pour ceux qui y sont déjà intégrés, ce livre propose des thèmes de réflexion certainement très féconds et pourrait être utilisé avec profit, un peu à la manière d’un bréviaire. ♦