Paul VI et l’Année Sainte. Vers la réconciliation
Tous les vingt-cinq ans, depuis l’an 1500, l’année jubilaire voit affluer à Rome les pèlerins du monde entier. À notre époque de jouissance et de consommation, où le monde veut évacuer de sa pensée tout ce qui est sacré, comment oser parler d’Année Sainte pour 1975 ? Pour nous en faire redécouvrir le sens et la portée, l’auteur se réfère d’abord à l’année sabbatique, l’année du « Jobel » (la corne de bélier qui servait aux Hébreux de trompette sacrée), année de repos à l’initiation du Créateur dans la Genèse. Selon la loi mosaïque, la terre était alors laissée en jachère et les pauvres attachés à sa culture pouvaient alors « respirer », se « ressourcer ». C’est à un semblable ressourcement que nous invite l’auteur des Dialogues avec Paul VI (Fayard, 1967).
Il nous fait réfléchir à toutes ces notions qu’évoque l’expression d’Année Sainte et que notre époque voudrait oublier : pénitence, conversion, sanctification, réconciliation, non pas seulement formellement avec le prochain, mais au plus profond du cœur avec Dieu. Cette année 1975 coïncide avec le douzième anniversaire du pontificat de Paul VI et se situe dix ans après la fin du Concile Vatican II. Que d’orages, que de crises ont depuis lors fondu sur la chrétienté ! L’Année Sainte est une occasion de réfléchir sur ces années critiques et de préparer pour l’Église une nouvelle phase créatrice, une nouvelle genèse. Mais pour opérer cette mutation qu’appellent les temps, elle doit faire un retour à la pureté première, au rachat, source du salut. « L’idée de l’Évangile est que tout peut être réparé, restauré, réédifié en plus beau, cela même dans un seul instant dernier. La scène de la pécheresse, du bon larron, de l’incrédulité de Thomas, vaincu en un dernier moment. Tout l’Évangile est écrit dans cette perspective. Tout y est toujours possible dans l’ordre du retour, du rachat (…). L’Année Sainte vue sous cette perspective s’inscrit dans l’Histoire de l’humanité. Histoire vulnérable et sublime ». ♦