Notre patrie gauloise
Il s’agit bien en dernière analyse, sinon d’une véritable étude historique au sens traditionnel du terme, du moins d’un livre qui a pour objet bien précis d’évoquer une certaine tranche de la vie de notre pays, donc d’un livre d’histoire. Mais cette histoire, nous déclare l’auteur lui-même, « ne s’attache pas à la reconstitution du passé, fut-elle, comme le veut la mode, non plus événementielle, mais sociale ou économique ». Ce qui intéresse Gaston Bonheur, c’est l’ambiance d’une époque, les rapports humains qui la caractérisent, les motivations des uns et des autres, et plus généralement tout ce qui, du passé des hommes, a survécu dans leur comportement présent.
La période choisie pour cette étude est celle de la Gaule romaine, très exactement les 539 ans qui s’écoulèrent entre 52 avant J.-C. (Alésia) et 487 après J.-C. (l’épisode du Vase de Soissons). Gaston Bonheur nous fait d’ailleurs malicieusement remarquer qu’il s’est également écoulé 539 ans entre le bûcher de Jeanne d’Arc (1431) et la mort du général de Gaulle (1970). Ainsi, d’emblée, nous fait-il toucher du doigt le déséquilibre de nos connaissances, car, en fait, estime-t-il, c’est sous les Romains et grâce aux Romains, que les Gaulois sont devenus les Français d’aujourd’hui ; les rois Francs et leurs descendants nous ont bien donné leur nom, mais ne nous ont pas faits ce que nous sommes.
Cette thèse, peut-être contestable, mais en tout cas intéressante, est présentée par Gaston Bonheur, tout au long de son livre, avec beaucoup d’humour, une sincère conviction, appuyée sur une connaissance très sérieusement approfondie du sujet, et avec, aussi, par endroits, une certaine désinvolture. Tel quel, et malgré (ou à cause de) certaines réminiscences d’Astérix qui s’imposent au lecteur, le récit est fort plaisant et fort instructif aussi. ♦