Libération de la Bretagne
Les auteurs des trois premiers livres de la collection « La libération de la France » avaient tous participé à la libération de la région dont ils se faisaient les historiens. Marcel Baudot, s’il fut chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) d’Eure-et-Loir, n’a pas participé à l’organisation de la Résistance en Bretagne ni à l’insurrection des départements bretons. C’est donc le point de vue d’un observateur objectif – car détaché de tout engagement personnel – qui s’exprime dans ce quatrième ouvrage de la collection.
Se voulant objectif, Marcel Baudot a voulu parler de tout le monde, c’est-à-dire de tous ceux qui dans tous les départements bretons ont mené une action de renseignement, de sabotage, de guérilla. C’était là une entreprise difficile et l’ouvrage s’en ressent quelque peu ; l’attention du lecteur risque de se perdre au milieu de cette multitude de petits faits, décrits par départements. Ce défaut est particulièrement sensible dans les chapitres consacrés à l’organisation de la résistance bretonne et à la mise en place des FFI, mais pour être juste il faut dire que la multitude des activités résistantes en Bretagne, la dispersion des efforts entre tendances souvent opposées et difficilement unifiables, rendait très difficile une reconstitution historique. L’affaire était compliquée par l’importance que tint la Bretagne dans les plans stratégiques alliés. L’envoi de missions SAS (Special Air Service, Commandant Bourgoin), Jedburgh, Aloès (Colonel Eon), chargées de diriger les actions de guérilla en Bretagne sur les arrières ennemis entre le 6 juin et le mois d’août 1944, se heurta souvent à la volonté des chefs locaux de la Résistance décidés à ne recevoir leurs directives que du Comac (Comité d’action militaire), organe militaire du Conseil national de la résistance (CNR). Comme l’action répressive des Allemands avait décapité de nombreuses organisations dans les mois qui précédèrent le Débarquement, on conçoit que la mise en place des structures de commandement et de liaison ait sans cesse été remise en cause et que la coordination des missions ait été difficile.
Les deux derniers chapitres évoquent avec précision le rétablissement des structures républicaines jusqu’à la suppression des commissariats de la République. ♦