Maghreb : Tunisie, Algérie, Maroc
L’auteur, qui est devenu universitaire après avoir été haut fonctionnaire, a voulu que le caractère scientifique de cet ouvrage soit mis à la portée du plus grand nombre par la clarté de l’exposé et que l’analyse approfondie, voire originale, de la société maghrébine contemporaine soit animée par sa propre expérience vécue sur le terrain.
Le livre Maghreb apparaît ainsi sous trois dimensions. L’esprit est d’abord frappé par le choix des titres qui renouvelle l’approche habituelle d’un tel sujet : souffle du désert, victoire de la mer, souche africaine, cimetières marins de la côte tunisienne… De plus, chacune des cinq parties étant résumée dans une page d’introduction, le lecteur a déjà beaucoup appris par ce premier coup d’œil.
Sa deuxième satisfaction viendra de l’illustration ; non seulement celle-ci satisfait le regard, mais la plupart des photos, prises par l’auteur, ont un intérêt propre que souligne la légende.
Le texte apporte enfin sur beaucoup de faits, soit historiques, soit contemporains, souvent reliés les uns aux autres, un éclairage imagé ou vécu : ainsi le Maroc apparaît-il en microcosme comme le mariage d’un chérif et d’une Berbère, honoré par la présence d’un hôte andalou. La guerre d’Algérie est évoquée à travers une page émouvante du journal de marche d’un jeune maquisard algérien à laquelle fait écho celle pleine de noblesse d’un parachutiste français ; l’auteur transcende cette lutte à la fois fraternelle et fratricide en la comparant à l’épopée hindoue du Mahabharata et en rappelant le dialogue de la Bagharad Gita qui justifie le guerrier assumant son destin.
La description du Maghreb contemporain est la pièce maîtresse de l’ouvrage : évolution politique, développement économique, composantes culturelles, vocations particulières ; il explique et justifie des expressions telles que « pragmatisme tunisien », « particularisme marocain », « volontarisme algérien » ; il dissèque la trame verticale et horizontale de la société marocaine, recherche les fondements de la conscience révolutionnaire de l’Algérie, rappelle la tradition d’ouverture de la Tunisie.
Pour terminer, le professeur se fait poète et mène son lecteur vers les lieux et monuments les plus évocateurs de l’âme du Maghreb.
En résumé, un très bel ouvrage, offrant soit une initiation sérieuse à celui qui part au Maghreb, soit un pèlerinage du souvenir à celui qui en est revenu. ♦