Les maquis de l’Ain
La collection « Libération de la France » poursuit ses publications à un rythme accéléré. Après les ouvrages du général Gambiez et de Pierre Bertaux sur la libération de la Corse et de Toulouse, voici une histoire des maquis de l’Ain, écrite par celui qui en fut le créateur et le chef jusqu’à la Libération.
Comment un capitaine aviateur de réserve, ancien combattant volontaire de la guerre 1914-1918, devient un chef de partisans et découvre peu à peu les techniques de la guérilla, tel pourrait être le sous-titre du livre du colonel Romans-Petit, dont le titre initialement prévu était « Victoire de la guérilla ».
Le livre est écrit un peu à la diable, mais intéressant à plus d’un titre. Il permet de vivre, à travers un récit souvent anecdotique, la naissance, à la fin de 1942, de ces maquis destinés à regrouper et à employer tous ceux qui refusaient le Service du travail obligatoire (STO) ; puis son développement au milieu des difficultés classiques dans une telle situation : pénurie de cadres, de fonds, d’armes et de transmissions. L’opération d’Oyonnax – si risquée et pourtant réussie sans dommages pour la population – apparaît bien sous son aspect psychologique : lutter contre la propagande vichyste présentant les maquisards comme des bandits, en faisant défiler en ville, derrière des officiers en uniforme, des unités disciplinées et bien armées.
Après un dur accrochage en février 1944 avec les Allemands qui avaient repéré les emplacements des principaux PC, les chefs des maquis de l’Ain tirent les leçons de ce revers en pratiquant désormais une guérilla plus dispersée et très mobile, grâce à l’appui qu’ils savaient trouver auprès de la population.
Notons une particularité qui fit des maquis de l’Ain une organisation plus favorisée que beaucoup d’autres : la présence permanente auprès de Romans-Petit d’un officier britannique en liaison avec Londres et qui put, lui, obtenir de nombreuses livraisons d’armes.
Le livre se termine sur l’épisode de la Libération qui se traduit pour Romans-Petit par une mise aux arrêts de rigueur « pour avoir usurpé des pouvoirs qui n’appartiennent qu’aux autorités civiles », mesure qui paraît surtout comme la conséquence d’une mésentente notoire entre Romans-Petit d’une part, Yves Farges, Commissaire de la République et le Comité départemental de Libération d’autre part. C’est le général Kœnig qui mit fin à cette situation que Romans-Petit qualifie de « voyage dans le burlesque ». ♦