L'évolution de l'infanterie française au cours de la guerre 1939-1945
Dans son Histoire de la Nation française (1), Gabriel Hanotaux expose les transformations qui se sont accomplies dans le matériel, la tactique et l’organisation de l’armée française, de 1914 à la fin de 1917.
« Lorsque, à cette période (début de 1918), — écrit-il — une des nombreuses missions étrangères qui visitaient les armées demandait à se rendre compte de l’évolution qui s’accomplissait, on lui donnait le spectacle suivant : deux troupes étaient alignées représentant, l’une, un bataillon de 1914, l’autre un bataillon de 1917 ; la première, masse imposante de quatre compagnies identiques de plus de 200 hommes chacune, la seconde, groupement hétérogène de trois maigres compagnies, composées elles-mêmes de groupes disparates entourant quelques machines. Ordre était donné aux deux bataillons d’ouvrir le feu avec le maximum d’intensité. Aussitôt, l’impression changeait ; devant la première, on devinait une nappe de balles dont la densité, d’abord très forte, diminuait dès que la fatigue ralentissait les mouvements des tireurs ; devant la seconde, c’était l’enfer : la même nappe de balles s’étendait devant elle, aussi dense que la première, mais entretenue à une densité uniforme et comme soutenue par le débit de machines sans nerfs, tandis que des nuages d’explosions créaient en avant d’elle un double barrage de fer, de fumée et de feu. Combien faible alors apparaissait le bataillon de 1914 ; combien plus terrifiant le bataillon de 1917… À ce progrès, accompli en moins de trois années, une seule cause : le développement de la puissance du feu… »
Si, de même, nous mettons en parallèle, par la pensée, le bataillon de 1917 avec celui de 1939, nous constatons que le second diffère peu du premier ; la densité de feu réalisée par l’un et par l’autre est à peu près égale ; peut-être la nappe de balles étendue devant le second est-elle plus fournie, grâce à l’amélioration du fusil-mitrailleur ; nous voyons aussi des explosions plus nombreuses en avant de la ligne de combat, du fait de la mise en service récente d’un mortier léger.
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