Le Roman des Hommes
Un auteur particulièrement doué pour la haute vulgarisation scientifique, un sujet qui ne peut laisser personne indifférent, un style élégant, un vocabulaire précis et accessible à tous, font de cet ouvrage bien documenté, un livre d’une lecture intéressante et agréable. Nous y sommes d’abord confrontés avec nos lointains ancêtres et leur lente évolution par transformations successives. L’hominisation c’est, entre autres choses, la station verticale, le développement de la main et de la parole. Déjà sans doute les australopithèques babillaient mais le véritable langage n’aurait que quelques dizaines de milliers d’années, et la symbolisation environ 15 000 ans. Là commence la civilisation de l’écriture avec ses deux représentations, alphabétique et idéographique, qui vont fixer deux formes de pensées, l’une se développant autour du bassin méditerranéen, l’autre en Chine. Puis l’imprimerie autorisera une transmission fidèle à un plus grand nombre de lecteurs. Le papier, support peu coûteux, va jouer un rôle important.
Parallèlement à la parole, l’homme développe son habileté manuelle. Poinçons, aiguilles, silex taillés et emmanchés, conquête des végétaux et des métaux, naissance d’une industrie et nécessité d’une description admise par tous pour les mesures, ce processus nous amène au seuil des temps modernes. La maîtrise de la vapeur, l’utilisation de l’électricité libèrent le muscle. Les populations migrent vers les villes où les choix professionnels ou privés sont plus nombreux. Une situation nouvelle s’instaure. Au XXe siècle, le rythme du progrès s’accélère. La communication à distance devient le fait quotidien avec les télécommunications. La voix elle-même peut être enregistrée, transportée n’importe où et restituée. Les automatismes voient le jour. Mais dans cet environnement artificiel que devient l’homme ? La modification du milieu est-elle réellement préjudiciable ? Prenons l’exemple du DDT : grâce à lui malaria, typhus, paludisme sont vaincus, des vies sauvées par milliers : au passif : des poissons, des oiseaux tués, quelques dizaines de cas de maladie chez l’homme. Un équilibre nouveau doit simplement être trouvé.
La pollution, qui a toujours existé, n’a fait que changer de visage, et l’homme doit consacrer une part d’énergie à éliminer ses propres déchets, plus qu’il ne le faisait déjà avant l’ère industrielle.
L’homme lui-même n’est-il pas en train de changer de nature ? N’est-il pas victime de cette boîte de Pandore qu’est le progrès ? Est-il vraiment maître de son destin ou bien n’est-il qu’une transition dans la grande épopée de l’évolution terrestre ? Cette évolution comporte jusqu’à présent trois phases : la phase minérale, la phase biologique, la phase intellectuelle : y en aura-t-il une autre ? Quels liens la Terre peut-elle avoir avec d’autres systèmes stellaires susceptibles d’être le théâtre d’une aventure de l’esprit ? Voilà une interrogation qui restera sans réponse dans Le Roman des hommes. Notre aventure, a pu être jouée un très grand nombre de fois, elle se joue peut-être ailleurs en ce moment.
Un ouvrage que tous, jeunes et moins jeunes, liront avec plaisir. Les premiers y apprendront bien des choses, certains parmi les seconds n’y trouveront peut-être qu’une révision de leurs connaissances, mais une révision qui a le mérite d’être aisée et agréable. ♦