Bonaparte en Égypte
La publication de Leipzig, seizième volume d’une collection de 24 tomes, mais dernier à paraître, avait semblé mettre un point final à l’œuvre monumentale que Jean Thiry a consacrée à Napoléon Bonaparte depuis le Dix-huit Brumaire jusqu’à la Restauration.
Il n’en est rien. L’auteur est-il décidé à remonter le cours des temps à la recherche du jeune Bonaparte ? Voilà que paraît Bonaparte en Égypte (décembre 1797-24 août 1799) et qu’est annoncé « L’immortelle campagne d’Italie » (1796).
Après la signature du traité de Campo Formio (17 octobre 1797), le Directoire exécutif décida la formation, sur les côtes de l’Océan, d’une armée d’Angleterre dont le commandement fut confié à Bonaparte. À peine de retour d’Italie, en pleine gloire, celui-ci s’occupe de l’organisation de cette armée qui devait débarquer dans les îles britanniques afin d’abattre la monarchie « anglicane » avant qu’elle ne nouât une nouvelle coalition contre la France. Bonaparte comprit vite la vanité du projet tant qu’une incontestable supériorité maritime ne serait pas acquise par la marine française. C’est alors que s’ébauchèrent les projets d’une expédition en Égypte, à partir d’un mémoire de Talleyrand inspiré par Magallon, ancien consul général au Caire : en prenant pied en Égypte, il sera possible de chasser de vive force les Anglais de l’Inde ou d’anéantir leur commerce avec l’Inde.
Ce sont les préparatifs de l’expédition d’Égypte, puis son déroulement depuis la prise de Malte (12 juin 1798) jusqu’au rembarquement de Bonaparte pour la France (24 août 1799) que Jean Thiry raconte avec sa minutie et sa précision habituelles. Le récit est évidemment centré sur Bonaparte et s’arrête peut-être trop brutalement sur son départ d’Égypte, car le lecteur se serait intéressé, même brièvement, au sort de ceux qui restaient en Égypte, abandonnés.
Les activités du général sont décrites très chronologiquement, même celles qui apparaissent un peu marginales (l’épisode de Madame Flourès). Un accent particulier a été mis sur la participation des savants à l’expédition, sur leurs travaux au sein de l’Institut d’Égypte, créé le V Fructidor an VI, où se retrouvèrent notamment Monge, Berthollet et Geoffroy Saint-Hilaire.
Cette étude repose sur de nombreux documents dont témoigne l’abondante bibliographie qui clôt le livre. ♦