Le Général m’a dit (1966-1970)
Nous pourrions penser que dans ses conférences de presse, ses discours, ses entretiens avec des personnalités politiques, ses mémoires enfin, le Général de Gaulle nous avait tout « dit ». Voici que Jean d’Escrienne dément notre certitude en nous livrant les confidences qu’il a recueillies dans la quotidienneté de l’Élysée ou de Colombey.
Certes, nous y trouvons les thèmes connus : Indépendance, Souveraineté nationale. Exemplarité, bref la France, unique souci de celui qui l’assumait, mais aussi bien des considérations originales sur les institutions, sur l’Europe, et des jugements inédits sur certains héros de l’histoire immédiate : Staline, Churchill, Roosevelt, Nixon, etc.
Les propos que l’auteur de cet ouvrage a pieusement relevés sont empreints de cette « amère sérénité » qui assortit les dires et les gestes du Général au soir de sa vie ; amertume d’avoir été abandonné par le peuple auquel il avait consacré sa vie, sérénité née de l’assurance d’avoir marqué le pays de son sceau.
Bon livre dans lequel l’auteur ne se satisfait point d’être le Criton d’un Socrate. En effet, les questions posées au maître, quoique toujours pertinentes, ont parfois une nuance péremptoire. Défaut véniel en vérité, que l’on imputera au léger vertige que peut provoquer la proximité de la Grandeur. ♦