Histoire de Madagascar
À l’instant où se cherchent, non sans difficultés, à Tananarive les bases d’une nouvelle politique de coopération, cet ouvrage vient fort à propos nous rappeler les liens qui nous unissent à la « Grande île ». Mais l’histoire que nous propose ici Hubert Deschamps n’est pas seulement, il s’en faut, celle de nos approches et de notre conquête. Nos soixante-cinq ans de vie commune ne sont en effet qu’une péripétie dans une « marche à l’unité » qui nous apparaît depuis les origines de ce pays singulièrement cohérente et progressive.
Les origines de Madagascar sont mal connues, et l’auteur nous avoue en être souvent réduit aux hypothèses. Bien qu’issu des horizons les plus divers, le peuple malgache réalise très tôt une symbiose linguistique, spirituelle et technique. Les témoignages et les récits des voyageurs, européens ou arabes, nous permettent, dès le XVIe siècle, de connaître les contours du « septième continent » ainsi que les grands traits de sa civilisation. Dès lors, Hubert Deschamps est à même de décrire – il le fait d’ailleurs avec une extrême minutie pour chacune des parties de son livre – ce qu’est la vie, ce que sont les mœurs, les institutions, l’économie de l’île. Ramada Ier, le plus grand monarque de Madagascar, entreprend au début du XIXe siècle l’unification de son pays. Nous rencontrons parmi ses sujets Jean Laborde, bricoleur de génie, « homo faber » universel, mais toujours soucieux de conserver à la France l’influence qu’en dépit de bien des vicissitudes elle s’était acquise, et qui se traduit, en 1895, par l’établissement d’un protectorat.
Le général Gallieni, dont on trouvera dans ces pages un très beau portrait, achèvera à rigueur l’œuvre de son royal mais déjà lointain prédécesseur, au profit de la France, certes, mais aussi à l’avantage de Madagascar où il établira, avec les difficultés que l’on imagine, une infrastructure administrative et économique intacte encore à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
C’est à la fin de celui-ci que s’éveille la conscience politique malgache. Une rébellion cruelle, durement réprimée, annoncera l’indépendance, proclamée avec la Ire République en 1958. Depuis l’an dernier, un nouveau régime est né et la coopération franco-malgache a été remise en question. Péripétie encore ? L’histoire, nous affirme Hubert Deschamps, n’est que mouvement. Souhaitons que celui-ci ne se fasse pas au détriment de l’amitié qui s’était nouée entre la France et Madagascar. ♦