Après la révolution
Cet essai d’un très distingué professeur de Sciences politiques à la très sélective Université de Yale est une œuvre de réflexion entièrement personnelle. Bien que patronné par la Fondation Rockefeller, l’auteur n’a pas fait appel – comme cela se produit si souvent aux États-Unis – à une de ces nombreuses équipes de chercheurs qui gravitent autour des universités américaines et mettent leurs curiosités et leur talent à la disposition des « grands patrons » réputés.
L’objet de la réflexion de Robert Dahl est la démocratie. On a l’impression qu’il s’est beaucoup inspiré, en rédigeant son livre, du Banquet et du Contrat social. Il cite d’ailleurs souvent Platon et Rousseau. Il en prend même le ton, familier et détendu, par moments un peu supérieur et condescendant. Mais le sujet de la démocratie ayant été à vrai dire, pas mal exploré depuis l’Antiquité et jusqu’à nos jours, il ne nous propose finalement qu’un nombre limité d’idées nouvelles ou originales. Le fond de son ouvrage n’est guère différent, après tout, de la matière d’un cours magistral. Mais cette matière est autrement présentée, d’une façon moins didactique et plus élégante. L’auteur se sentait, sans doute, moins tenu par les obligations d’un programme. Il a pris des libertés avec le plan de son ouvrage, débordant le domaine proprement politique pour des incursions dans celui des syndicats, des grandes entreprises, et des associations privées qui se croient et se disent « démocratiquement » dirigées.
Tout cela est loin d’être inintéressant, mais ne nous a pas paru, à vrai dire, essentiel. ♦