Pour une autre croissance
Au rythme d’une prolifération exponentielle qui a déjà paralysé et peut-être détruit la moitié du potentiel de notre écosphère, il ne nous reste que fort peu de temps pour sauver l’autre moitié et qu’un espoir très mince de reconstituer l’intégrité de ce capital. Faut-il donc se résigner à freiner cette croissance d’où viendrait le mal et n’obtenir, au mieux, qu’une rémission de celui-ci ? Faut-il la condamner à la régression au risque de déséquilibres plus graves encore ? Non, affirme Robert Lattes, mais il est possible, s’inspirant des modèles proposés par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et le Club de Rome, d’imaginer une économie nouvelle, donc une politique, dont l’objectif ne serait plus une élévation constante du niveau de vie mais un genre de vie plus conforme à nos aspirations de justice, d’équité, de bien-être social. Entre le laisser-faire et l’arrêt brutal, il faut trouver un passage dont le but serait d’élever le taux « de bonheur mondial brut » d’une humanité devenue solidaire dans un projet unique de civilisation.
« Ce livre est donc un plaidoyer pour un débat qui se situe au cœur des problèmes de toute société adulte et qui se veut digne de son nom de société ».
Comme le souligne le président Edgar Faure dans sa vigoureuse préface : « Une recherche sur une morale de croissance exige une croissance de la morale ». Sera-ce la tâche de l’Europe que de guider le monde au bout de ce tunnel ? L’itinéraire nous est ici clairement proposé, mais, une fois de plus, le moyen de le parcourir ne nous est pas indiqué. ♦