Cherbourg, port de la libération
« J’avais résolu de renouveler à Cherbourg les merveilles de l’Égypte ». Gravée sur le socle de la statue qui orne la place Napoléon, cette phrase du Mémorial, reprise par l’amiral Lepotier dans l’ouvrage qu’il consacre à Cherbourg, montre à l’évidence que l’Empereur avait clairement reconnu l’importance géographique et stratégique du grand port normand. C’est d’ailleurs dès le Consulat qu’il décida de « donner enfin à notre flotte une rade abritée, nautiquement accessible en tout temps de vents et marées et défendue contre toute attaque par mer ».
Mais l’amiral Lepotier ne borne pas à cette époque l’étude fort intéressante et fort documentée par laquelle il complète son tour d’horizon de nos grands ports de guerre et c’est avec talent que, remontant en deçà de l’époque romaine, il démêle, au fil des siècles l’écheveau, terriblement compliqué, des changements de maîtres de la ville et de sa région au gré des mariages, héritages, conquêtes ou luttes intestines. Il nous fait assister à des épisodes dramatiques, telle la démolition en 1689 des fortifications de la ville, ordonnée par Louvois malgré le plaidoyer de Vauban, et qui quinze ans plus tard fut la cause directe du désastre de La Hougue lorsque Tourville, au soir de Barfleur, ne put disposer d’un abri pour remettre sa flotte en état sous la protection des canons de terre.
On ne saurait décrire ici tout le cheminement de l’histoire non plus que le rôle de Cherbourg, port constructeur de nos sous-marins nucléaires. Mais on ne peut non plus passer sous silence celui qu’il joua en 1944 et qui justifie parfaitement le sous-titre de l’ouvrage : « Port de la Libération ».
Fort intéressant, ai-je dit, et fort documenté et ce sont bien-là deux des qualités de cet ouvrage que l’amiral Lepotier, membre de l’Académie de Marine, a su rendre vivant et compléter d’heureuses citations et d’excellentes illustrations. ♦