Énergie électrique et Civilisation
Ce livre, publié dans la Bibliothèque de Philosophie scientifique, vient à son heure puisque le Gouvernement provisoire de la IVe République a inscrit la nationalisation de l’électricité parmi les premières réformes qu’il se propose de réaliser. L’industrie électrique se trouve, ainsi, à un tournant de son histoire et l’instant était donc particulièrement bien choisi, moins pour retracer les étapes de l’évolution de cette industrie qui compte maintenant soixante ans d’âge environ, que pour mesurer les progrès accomplis et les résultats obtenus dans ce domaine très important de l’économie.
Les différents aspects de l’industrie électrique reflètent les caractères propres de l’électricité, fluide immatériel qui se déplace à une vitesse égale à colle de la lumière et qui, pratiquement, ne saurait être stocké. Toutes les activités de cette industrie sont dominées par le fait que la production et la consommation sont deux opérations simultanées, la première étant d’ailleurs entièrement commandée par la seconde. Cela lui confère, par rapport aux autres industries ou services publics, une physionomie toute particulière doublée d’une extrême complexité, résultat de son étroite et constante adaptation au progrès qui, en matière d’électricité, a été extrêmement rapide. Ce particularisme et cette complexité se trouvent encore accrus par le fait que la technique de la production, du transport et de la distribution de l’énergie électrique, loin d’être parvenue à son terme, est encore en pleine évolution, de sorte que cette industrie ne saurait s’orienter dès maintenant vers une structure stable et définitive, mais doit, au contraire, conserver toutes ses facultés d’initiative et de renouvellement pour épouser les nouvelles formes d’organisation et de fonctionnement que pourra dicter le progrès.
C’est – comme l’a fort bien montré M. Edmond Roux – dans la mesure où l’industrie électrique saura, demain comme hier, tirer le parti optimum des ressources naturelles mises à sa disposition et faire bénéficier la collectivité de la quantité maximum d’énergie au prix de revient minimum qu’elle remplira pleinement la mission civilisatrice qui lui incombe.