Un petit-fils de Marlborough : Winston Churchill
M. Jean Allary, un de nos meilleurs spécialistes des questions anglaises, nous donne une biographie vivante, pénétrante, et fort bien écrite, du grand homme d’État anglais. Elle est, semble-t-il, fondée sur l’étude minutieuse des œuvres mêmes du ministre britannique, et de deux biographies importantes parues en Angleterre à son sujet, celle de M. Philip Guedalla et celle de M. Lewis Broad. Grâce à M. Jean Allary, le public français pourra goûter le véritable roman d’aventures que fut la jeunesse de Winston Churchill à Cuba, aux Indes, au Soudan, en Afrique, où prisonnier des Boërs, il s’évada.
À vingt-sept ans, le petit-fils de Marlborough se lie d’une étroite amitié avec Lloyd George et devint un des supports du Parti libéral. La grande guerre lui permet de donner toute sa mesure, surtout comme Premier lord de l’amirauté où il rappelle le vieux Lord Fisher et où il nomme son ami Beatty au commandement de l’escadre de croiseurs de bataille.
Il fut le principal inspirateur de la campagne des Dardanelles, mais ne put voir triompher sa conception de la guerre en Orient. Redevenu homme privé, il sert quelque temps dans les tranchées de France – cette France à laquelle il resta toujours fidèle – et finit la guerre comme ministre des Munitions.
La Paix de Versailles le ramène au Parti conservateur. Il joue, ensuite, pendant de longues années, le rôle de Cassandre, dénonce en vain le danger allemand, l’insuffisance de la préparation britannique. À la déclaration de guerre, il est de nouveau Premier lord de l’amirauté. Quand, en mai 1940, le sort même de son pays et du monde est en jeu, c’est à ce lutteur de soixante-quatre ans que l’Empire britannique confie son destin. Véritable Clemenceau britannique, infatigable, indomptable, il mène son pays et les Nations unies à la victoire, en étroite union avec Roosevelt, en communauté parfaite de sentiments avec ses amis américains dont il est, d’ailleurs, si proche par le sang. Tout cela est raconté à la perfection. M. Allary nous initie même aux côtés pittoresques de la vie privée du grand Anglais, qui trouvera, à l’en croire, dans la peinture, une consolation à de récentes déceptions.