Le Grand Refus
Sous le titre un peu énigmatique Le Grand Refus, M. Jules Blache a écrit un livre fort intéressant qu’il qualifie lui-même de pamphlet pour notre rééducation civique. C’est une sorte de journal composé de chapitres sans liens apparents, écrit pendant l’occupation allemande et terminé le 14 juillet 1943.
De l’aveu de l’auteur lui-même, celui-ci n’a jamais eu la prétention d’entrer en polémique avec nazis et collaborateurs ; il a simplement voulu s’éclairer lui-même dans sa solitude, « polir son arme personnelle ». Cette œuvre est donc comme une confession destinée à libérer l’esprit d’erreurs ou de cauchemars malfaisants. C’est ainsi que M. Jules Blache passe en revue la plupart des grands thèmes de la propagande ennemie, en un livre où la plus grande lucidité et un magnifique courage intellectuel les mettent impitoyablement à nu : racisme, masque de l’avidité, l’esprit de conquête, les causes de notre défaite, les internationales et le nationalisme allemand, etc. L’auteur qui a passé, semble-t-il, de longues années en Lorraine dont il a étudié la géographie et l’histoire, écrit des pages bien émouvantes sur les méthodes barbares appliquées par les conquérants en zone réservée et qui ne tendaient rien moins qu’à faire de la Lorraine française un glacis au Reich allemand, en la vidant au profit de ses émigrants. Non moins courageuses et incontestables, à notre avis, sont les pages qu’il consacre au problème juif. Le livre est animé d’un grand souffle de générosité et de libéralisme.
« La mégalomanie, conclut M. Jules Blache, nous a emplis de rage et couverts de sang. C’est la preuve qu’il ne suffit pas d’aimer et de mériter la liberté pour en jouir. Il faut la défendre et la fortifier contre ses ennemis du dehors et du dedans, et il y en aura toujours. »