La faillite de la paix (1918-1939)
Nos lecteurs connaissent l’histoire générale Peuples et Civilisations, qui expose en vingt gros volumes l’évolution de l’humanité sur tous les plans, politique, économique, social, intellectuel et artistique. Dirigée par Louis Halphen et Philippe Sagnac, elle a remplacé, dans une large mesure, le « Lavisse et Rambaud », longtemps classique. Une des principales différences entre les deux collections est que chaque chapitre du « Lavisse et Rambaud » avait son auteur. Au contraire, les vingt volumes du « Halphen et Sagnac » sont chacun l’œuvre d’un très petit nombre d’historiens : trois au maximum. Quelques-uns des meilleurs volumes de la collection ont même été écrits par un seul auteur, par exemple « Les Barbares », de Louis Halphen, et le « Napoléon », de Georges Lefebvre. Dans ces conditions, chacun de ces volumes a son unité et fait ressortir le mouvement propre à la période étudiée, le titre du volume indiquant, d’ailleurs, les caractéristiques mêmes de cette période.
Notre collaborateur Maurice Baumont, professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, connu par de nombreux ouvrages sur l’histoire économique contemporaine et sur l’Allemagne, avait publié, en 1937, le tome XVIII de cette collection, qui, retraçant l’histoire générale des années 1878 à 1904, s’intitulait « Le mouvement industriel et l’impérialisme colonial ». Au tome XIX, « La crise européenne et la grande guerre », histoire des années 1904-1918, écrite par Pierre Renouvin, M. Baumont vient d’ajouter le tome XX, qui, provisoirement, clôt la collection, en exposant l’histoire de l’entre-deux-guerres depuis l’armistice du 11 novembre 1918 jusqu’à la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939. Il s’agit là d’un gros travail, entrepris dans un esprit critique et avec un très gros effort d’impartialité.
À côté de quatre livres, retraçant les principales étapes de nos espoirs et de nos déceptions : Entre la guerre et la paix (1918-1923) ; les années d’espérance (1924-1928) ; la crise économique mondiale (1929-1935) ; les dernières années d’avant-guerre (1936-1939), un cinquième expose, en 200 pages particulièrement intéressantes, les grandes lignes de l’évolution matérielle et spirituelle : mouvement politique, mouvement religieux, évolution économique, évolution sociale, mouvement intellectuel. M. Baumont avait assumé une tâche redoutable en entreprenant de ramasser ainsi, en un seul volume, une histoire si complexe et que sa proximité rend plus difficile à saisir. Il semble qu’il y ait parfaitement réussi. Son travail, fournissant bien des occasions de méditation pour ceux qui veulent scruter leur temps, sera, désormais, indispensable pour l’étude de cette époque.