La Morale internationale
Nous avons été, pendant toute la guerre et, jusqu’à ces derniers temps, privés de nombreux et intéressants ouvrages édités en Suisse, notamment par les Éditions de la Baconnière à Neuchâtel qui, comme on sait, se consacrent, depuis de nombreuses années, à la littérature politique. Une des œuvres les plus marquantes de cette collection est le petit livre que Nicolas Politis, membre de l’Institut, a consacré à la morale internationale. On sait le rôle éminent joué par le diplomate grec dans la défense des intérêts supérieurs de sa patrie et aussi l’affection filiale qu’il gardait à notre pays, où il avait, d’ailleurs, enseigné avec éclat et avec la même aisance qu’un universitaire français.
Ce livre est comme son testament moral et politique. Avant même la fin de la guerre qu’il ne lui a pas été donné de vivre, l’homme d’État hellène s’était posé les grandes questions essentielles qui devaient être résolues pour l’établissement d’une paix européenne durable. Il était arrivé à la conviction que la réorganisation dont notre continent a besoin est à la fois d’être politique, économique et sociale et qu’elle doit aboutir fatalement à une certaine forme fédérative établie par le concours et la collaboration de tous les peuples européens. On voit sur quelle cime planait la pensée de Nicolas Politis prématurément disparu.