The Revolution in Warfare [La révolution dans la guerre]
Parmi les critiques militaires étrangers, Basil Henry Liddell Hart est un des plus connus. Il a déjà à son actif un bagage considérable et publié un nombre important d’ouvrages historiques, biographiques et militaires, dont plusieurs ont été traduits en français. Son influence sur la pensée militaire anglaise avant la guerre est indéniable et il semble avoir joui d’une grande autorité officielle puisqu’il est l’auteur de certains manuels édités par l’État-major général britannique. Les conceptions d’ensemble de B.H. Liddell Hart, telles qu’il les a expliquées dans des œuvres comme Thoughts on War, The strategy of indirect Approach, Dynamic Defense, The British Way in Warfare, sont, à maints égards, contestables et spécifiquement britanniques.
B.H. Liddell Hart a toujours été partisan d’une pression avant tout économique, exercée, grâce à sa marine et à son empire, par l’Angleterre contre la puissance militaire continentale de l’Allemagne. Mais il est, en tout cas, une qualité qu’on ne peut pas lui contester, c’est la recherche de la nouveauté et de l’originalité. Cette qualité apparaît, une fois de plus, dans un petit livre qui est comme le concentré de ses études et de ses réflexions sur la guerre, à la lumière des enseignements qui se dégagent de la lutte d’où, une fois encore, son pays est sorti victorieux.
Ce petit livre, d’une centaine de pages à peine, qui mériterait d’être traduit, cherche à dégager les traits principaux de cette défense héroïque et gigantesque de la Grande-Bretagne contre l’offensive nazie qui parut un instant réussir. L’auteur met en pleine lumière le facteur « mécanique » de cette guerre et la prépondérance de la supériorité tactique du facteur « vitesse ». Il lui semble que l’ère des combats de masse est révolue avec l’avènement de l’offensive aérienne menée par un nombre de combattants très réduit. B.H. Liddell Hart est en même temps, semble-t-il, un pacifiste sincère. Il considère la dernière guerre comme une guerre totale où la multiplication de la machinerie a chassé tout romanesque et étendu le processus de « déshumanisation ». L’apparition de la bombe atomique n’est qu’un stade nouveau dans l’évolution de la « guerre atomique » qui s’était affirmée après l’apparition des bombes volantes et des rockets. Il n’hésite pas à déclarer qu’elle marque une ère nouvelle dans l’histoire de la guerre et même de l’Humanité. La guerre, telle que nous l’avons connue, dans les trente dernières années, n’est, selon lui, pas compatible avec « l’ère atomique ». Elle entraînera des modifications profondes dans la constitution des forces armées, notamment la suppression de la conscription, la création d’une arme essentielle qui sera un « corps de savants », la généralisation de la mobilité dans la défensive. Il faudra essayer de résoudre le problème de la sécurité « dans son ensemble », dans un esprit à la fois militaire, scientifique et imaginatif.
On voit que B.H. Liddell Hart ne craint pas de heurter les opinions traditionnelles : fidèle à ses méthodes antérieures, il cherche avant tout, semble-t-il, à être surtout un animateur et un excitateur.