Comment traiter l’Allemagne
M. Robert d’Harcourt, qui vient d’être récemment élu à l’Académie française, est un de nos meilleurs germanistes. À cet égard, le petit livre qu’il vient de publier chez Tallandier sous le titre : Comment traiter l’Allemagne, doit être lu avec une particulière attention par ceux-là même qui ont pris en charge les débris politiques et matériels de l’ancienne Allemagne, et qui ont pour mission d’assurer l’existence de ses habitants. M. Robert d’Harcourt est un chrétien sincère et généreux. Son livre est ou plutôt, paraît sensiblement plus indulgent que celui qu’a publié sur un sujet analogue le romancier Emile Ludwig.
L’auteur n’est cependant point dupe de l’Allemand ; il sait tout ce que ce peuple perverti peut posséder de dissimulation et de rouerie, et combien, abattu, il lui reste de force dans le mal pour chercher à éviter non seulement le châtiment, mais aussi la démonstration inévitable de sa culpabilité. L’orgueil, fil rouge conducteur qui traverse toute l’histoire moderne de l’Allemagne, anime la plupart des Allemands ; même battus à plate couture, ils discutent, ils ergotent, ils contre-attaquent. quand on cherche à les pousser dans leurs derniers retranchements.
M. Robert d’Harcourt cite des cas particulièrement suggestifs d’Allemands profondément religieux qui trouvent encore moyen de chercher à éviter l’aveu, cependant nécessaire, de leur culpabilité. Il nous met en garde contre un excès de confiance ; l’Allemand qui, hier, était opposant au nazisme, pourrait bien réserver demain des surprises aux hommes qui doivent régler son destin. Cependant, l’auteur ne veut pas désespérer de la conversion indispensable de ce pays qui doit opérer « le redressement intérieur » sans lequel il n’y aurait point de guérison. « À défaut de contrition utile, nous nous refusons de désespérer du bon sens. » Puisse M. Robert d’Harcourt avoir raison…