La Campagne de France
C’est dans le même style familier, aisé, qui serre de près la réalité et l’évoque avec beaucoup de bonheur, que Pierre Lyautey nous donne, cette fois, les notes qu’il a prises au jour le jour avec ses goumiers, en Provence, dans les Alpes, dans le Jura, dans les Vosges, en Alsace. C’est une magnifique épopée que celle de ces goums marocains qui, déjà glorieux dans tant de combats de la péninsule italienne, sont appelés par le général de Lattre de Tassigny pour faire partie de l’armée B et participer à la campagne de France.
Ils commencent par chasser l’Allemand de Marseille dans une délicate guerre de rues, puis on les lance dans les Alpes et les Vosges. Ils sont alors rattachés à la 3e Division d’infanterie algérienne, la glorieuse troupe du Belvédère, de Rome, de Sienne, dont le général Monsabert transmet le commandement au général Guillaume, qui affirme sa maîtrise de l’art militaire dans les rudes combats des Vosges : les goums y font preuve d’une endurance exceptionnelle et d’un héroïsme qui les égalent à leurs aînés de Verdun. Viennent ensuite trois batailles d’Alsace : celle de la Vallée de la Thür, devant la route des Crêtes, celle d’Orbey, tragique entre toutes, et enfin celle de Strasbourg. Campagne extrêmement rude où les Marocains habitués au ciel éclatant de leur pays et d’Italie sont, cette fois, obligés de se frayer un chemin dans la boue et la neige d’Alsace et de Lorraine : ils n’en ont que plus de mérite.