Le tragique destin des cuirassés allemands
En quelque cent vingt pages, le commandant Thomazi retrace, de façon très claire et attrayante, les opérations exécutées par les sept bâtiments cuirassés, de valeur fort inégale, dont l’amirauté allemande a pu disposer de 1939 à 1945 : trois « cuirassés de poche » de 10 000 tonnes (Graf Spee, Deutschland, Admiral Scheer), deux croiseurs de bataille de 29 000 t (Scharnhorst, Gneisenau), deux cuirassés géants en réalité de plus de 40 000 t (Bismarck et Tirpitz), ces quatre derniers achevés postérieurement à la déclaration de guerre.
Ne pouvant utiliser en groupe une force aussi hétérogène, le grand amiral Raeder résolut de lancer, audacieusement ces cuirassés, seuls ou par paires, à l’attaque des communications maritimes alliées dans l’Atlantique et l’Arctique. Le rendement de ces opérations fut très faible – négligeable en comparaison de celui obtenu par l’action sous-marine et aérienne – et elles entraînèrent rapidement la perte ou la mise hors de jeu de tous ces raiders. Une fois de plus le concept de la guerre de course par bâtiments de surface a fait faillite. Encore faut-il constater que, dans cette expérience, l’aviation joua d’une manière dissymétrique, à savoir au profil des Alliés, les raiders en étant dépourvus.
Ce petit livre mérite d’être lu, en dehors des marins, par tous ceux qui s’intéressent aux choses de la mer. Les récits qu’il contient sont captivants, mais ceux que l’auteur consacre « au Triomphe et à la mort du Bismarck » d’une part, au « convoi de Noël (1943) » et à la destruction du Scharnhorst dans la mer Polaire, d’autre part, nous paraissent particulièrement vivants et émouvants.