Dans cette compétition sont engagées deux puissances (Iran et Arabie saoudite) du Moyen-Orient, toutes deux terres d'Islam, utilisant des moyens différents : pour l'une le développement de ses forces armées et pour l'autre l'accroissement de ses ressources financières. Souvent concurrentes dans leurs entreprises en vue d'étendre au maximum leur influence sur la région, ces deux puissances savent, à l'occasion, conjuguer leurs efforts et réunir leurs moyens pour faire barrage à l'adversaire commun : les forces progressistes au premier rang desquelles elles placent le communisme. Au cours de deux récents voyages en Irak et dans le Sultanat d'Oman, l'auteur a recueilli de nouveaux éléments pour l'analyse de cette compétition irano-séoudite.
La compétition pour la maîtrise du Golfe
Engagé en 1961 lors de l’accession à la pleine indépendance du Koweït, le départ des Britanniques du Golfe est effectif à la fin de 1971 quand Bahrein, Qatar et les cheikhats de l’ancienne « Côte des Pirates » (devenue « Côte de la Trêve ») avant d’être réunis au sein de la Fédération des Émirats Arabes, sont à leur tour dégagés de la tutelle de la Grande-Bretagne. La présence britannique, dont le rôle militaire s’était, au fil des années, progressivement effacé au profit d’un plus grand contrôle politique, avait procuré à cette région, devenue nouvelle zone stratégique en raison de l’importance de ses ressources pétrolières, un siècle et demi de stabilité.
Ce retrait ne provoque pourtant pas la ruée pour combler le vide ainsi créé, tant est grande la puissance des compagnies pétrolières au premier rang desquelles se placent des entreprises américaines comme l’ARAMCO. D’autre part l’Iran, à l’époque en meilleure position que l’Arabie Séoudite. prend déjà quelques dispositions, soutenu en cela par les États-Unis puis par la Grande-Bretagne, pour faire sentir sa présence et marquer son intérêt.
La découverte de « l’arme du pétrole » par les Arabes lors de la crise de 1973 et la politique de cartel pratiquée par les pays arabes de l’OPEP, en laissant planer une menace d’embargo sur les pays industrialisés occidentaux, suscitent un regain d’attention pour le Golfe de la part des grandes puissances. La montée des forces progressistes — elles possèdent déjà deux points d’appui, l’un en Irak l’autre au Yémen du Sud et se manifestent soit sur le terrain comme au Dhofar, soit sur la scène politique comme à Bahrein et au Koweït — entraîne très rapidement la réaction des deux pays les plus puissants à régime conservateur : l’Iran et l’Arabie Séoudite. Il devient donc indispensable de rechercher, loin des querelles, un terrain d’entente qui permette à chacun de bien délimiter sa zone d’influence et d’assurer à tous, si possible ensemble, la sécurité de l’exploitation de leurs richesses pétrolières nécessaire à leur développement et indispensable à l’économie des pays occidentaux amis.
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