Les Indiens
L’anthropologie est une science passionnante. L’Amérique du Nord est un terrain de prédilection pour son étude. Lorsque les premiers Blancs y ont pénétré, ils ont trouvé, installés sur place depuis 10 000 à 20 000 années, des groupements humains – qui furent tous englobés sous le nom d’Indiens – à des stades de développement extrêmement différents, depuis les Shoshones du Grand Bassin, mangeurs de racines, « les plus misérables objets de la création » suivant l’expression de l’explorateur Jerediah Smith, jusqu’aux Aztèques, en leur puissante et magnifique capitale de Tenochtitlan (le futur Mexico) dont la vue confondit d’admiration les soldats de Cortès.
C’est d’abord à décrire et à classer ces différentes cultures que s’emploie Peter Farb. Il les range, d’après leur organisation sociale, en un certain nombre de groupes qui sont : la bande, la tribu, la chefferie, l’état, et étudie les raisons de tout ordre qui expliquent le mode de vie et le stade de développement atteint par chacun. Ensuite, dans une deuxième partie, il exprime les lointaines racines des cultures indiennes à partir des premiers humains qui ont pris pied, venant de Sibérie, sur le continent nord-américain, en passant par le détroit de Behring, émergé à l’époque des grandes glaciations. Enfin il décrit la rencontre, presque toujours dramatique quant à son issue, entre les cultures indiennes et la civilisation blanche, en élargissant son raisonnement à « l’acculturation » en général, qui reste, aujourd’hui encore, un problème d’actualité dans le monde.
Les brèves indications ci-dessus relatives au plan adopté par l’auteur ne suffisent évidemment pas à faire comprendre à quel point chaque page de son ouvrage suscite la curiosité et l’intérêt. Il s’agit, en fait, d’un passionnant roman d’aventures où chaque détail et chaque hypothèse sont passés au crible de l’analyse scientifique la plus rigoureuse. On est entièrement pris, dès les premières lignes, et c’est à regret qu’on ferme le livre sur la dernière page, sans en avoir sauté une seule.
La traduction de James du Mourier est remarquable. ♦