Les Africains
Cette introduction à l’histoire d’une culture que présente ici Basil Davidson n’est l’œuvre ni d’un ethnologue ni d’un anthropologue. Ainsi, se gardant de limiter son observation à une cellule microscopique, il l’étend à l’organisme prodigieusement complexe qu’est l’Afrique.
Les réalisations africaines, nous dit-il, sont sorties de ce « très peu » qui est le patrimoine commun de toutes les civilisations ; mais, de ce fond ancien, élaboré dès l’âge de pierre, est issu un développement original.
À travers les chapitres de ce livre, l’on peut suivre la lente évolution des peuples noirs, de la « sauvegarde ancestrale » à l’africanisation de Dieu, des gouvernements villageois à la constitution des dynasties, des sociétés secrètes aux récents mouvements nationalistes.
Le tout, pour comprendre ce qu’est l’Afrique d’aujourd’hui et appréhender son devenir, pour dresser d’elle un portrait global et durable, est de trouver à ses croyances et à ses usages une clef d’interprétation.
Cette clef, l’auteur la façonne minutieusement en nous faisant découvrir les fondements logiques aux rites, aux coutumes, aux comportements qui nous paraissent encore aberrants ou irrationnels.
Faisant fi de l’impact colonial, il conclut en affirmant que la poussée nationaliste des années 1960 n’est pas due à un accident, péripétie historique ou carence de tutelle, mais trouve sa source dans la longue crise de civilisation qui se produisait sans nous être perceptible à l’échelle d’un continent. Les indépendances acquises, « il s’agit de savoir comment la civilisation du passé peut être remodelée par une vision nouvelle. ».
Mais « Assez, c’est assez » dit un proverbe africain. Basil Davidson a la modestie de tendre aux historiens de demain le flambeau qu’il a si brillamment porté. ♦