Liberté. T. II. Nation et voie africaine du socialisme
Il s’agit ici du deuxième volume d’une série (qui en comportera quatre) intitulée Liberté. Il n’est guère besoin de présenter l’auteur. Tous les Français connaissent le chef d’État de la jeune République du Sénégal, ancien député à l’Assemblée nationale française, ancien ministre de notre gouvernement, agrégé de grammaire, membre de l’Institut, et, par surcroît, fin lettré, philosophe et écrivain de talent.
L’ardent combat mené par Senghor pour le développement économique et culturel de son pays du temps où celui-ci n’était qu’une colonie, puis, dès que les circonstances s’y prêtèrent, pour l’accession de cette colonie à l’indépendance, et enfin, de tout temps, pour la reconnaissance de ce qu’il a lui-même appelé la Négritude, déborde très largement le domaine des péripéties politiques quotidiennes pour se situer dans la perspective plus large de l’évolution historique des civilisations. La série de conférences, d’articles, de rapports, de discours etc., couvrant la période 1946 à 1960, réunis dans le volume qui nous occupe, prennent place, de ce point de vue, parmi les « sources » importantes et nécessaires pour la compréhension de notre temps.
C’est sans doute une chance pour le peuple sénégalais d’avoir pu trouver parmi les siens un chef de cette envergure, capable de combattre à armes égales dans l’arène politique occidentale, semée, pour un Africain, d’embûches et de chausse-trapes ; et capable également d’assumer l’éducation politique des masses conformément aux meilleures traditions de la démocratie. Ailleurs en Afrique, d’autres peuples n’ont pas eu cette chance. Leur apprentissage a été fait par des hommes qui avaient eux-mêmes tout à apprendre de la politique. Mais un tel apprentissage en commun n’a-t-il pas pour conséquence de mieux souder, dans une indigence commune, mais peut-être temporaire, les dirigeants à leur peuple ? Le maître à penser Senghor est-il, en fait, si près des siens ? ♦