La gauche américaine
Le bipartisme américain est un système dont la commodité n’a pas échappé aux hommes politiques français. Mais il se trouve que les partis en présence aux États-Unis sont aujourd’hui conservateurs l’un comme l’autre : les Républicains par vocation, les Démocrates, somnolents sur des lauriers fanés, par incapacité à imaginer et à créer un ordre nouveau.
C’est avec un humour lucide et parfois cruel que John Kenneth Galbraith dénonce les turpitudes des siens. Tous les principes si généreux du New Deal, affirme-t-il, ont été jetés par-dessus bord. La gauche américaine, paralysée par sa prudence, soumise à une bureaucratie toujours plus contraignante, n’a pas tenu ses promesses. Il est temps qu’elle n’en fasse plus. Il convient désormais de « radicaliser » une politique mal nourrie d’anachronismes et de contradictions. Il s’agit de juguler l’inflation, de faire une politique étrangère sans Pentagone, de faire une politique intérieure sans General Motors, de savoir enfin ce que l’on produit, pour qui, et dans quelles conditions. Simple thérapeutique, thérapeutique de « simples ». Il n’en fallait pas davantage pour que, le mot « radical » prononcé, M. Jean-Jacques Servan-Schreiber ne devienne à son tour « Galbraisien ». Rassurons-nous, ni le ton, ni les termes de sa longue préface n’enlèvent rien à la particulière qualité de l’étude qu’elle a pour propos d’enrichir. ♦