La Russie sous la botte nazie
Dû à un allemand naturalisé américain, ce livre a paru en langue anglaise en 1957. La traduction qui nous en est donnée est allégée ; et pourtant, sa lecture exige un véritable travail, tant sont longs et enchevêtrés les développements. Il est regrettable que cette étude soit si rébarbative, car elle est sans doute la plus complète de celles qui ont pris pour sujet l’occupation allemande en URSS. Celle-ci fut moins bien préparée que la campagne militaire ; il s’agissait, en gros, de soumettre les « sous-hommes » qu’étaient les Slaves, dans l’esprit des Nazis, à une condition servile et de leur faire exploiter, au profit du IIIe Reich, les ressources naturelles de leur sol.
Mais ce programme nécessitait une mise au point minutieuse qui ne fut pas faite, faute d’avoir mesuré l’énormité de la tâche, mais aussi du fait des divergences qui séparaient les groupes rivaux des différentes autorités allemandes chargées de la réaliser, sous l’égide de l’Ostministerium, confié à Rosenberg, théoricien du nazisme et lui-même originaire des provinces baltes. La brutalité de commande que le Führer ordonnait avait pour effet d’empêcher tout ralliement de populations qui, peut-être, si elles avaient été mieux traitées, n’auraient pas refusé de reconsidérer leur foi dans le communisme. L’attitude des envahisseurs leur fut à la fois terriblement cruelle et totalement incompréhensible ; elle les rejeta vers les formes les plus variées de résistance, y compris la résistance armée.
La politique de colonisation sans pitié fut un échec total pour les Nazis, que le retournement de la situation militaire mit rapidement aux abois ; elle fut aussi l’une des causes principales de l’acharnement des Soviétiques à les vaincre et par suite l’un des facteurs les plus actifs de l’effondrement du IIe Reich. ♦