Le rendez-vous avec quelqu’un
La mort dans un camp d’extermination juif cesse tout à coup d’être anonyme. Obsédé par le dernier regard d’un vieil homme que l’on pousse vers la chambre à gaz, un jeune nazi tente, la guerre finie, de se suicider. Il fera de son sauveteur, un médecin français dont le destin meurtri croise le sien, le légataire de son remords. Ainsi l’objet de ce remords pourra-t-il survivre.
Les péripéties qui conduisent le héros de ce récit jusqu’à son « rendez-vous avec la Justice » nous le montrent tour à tour poursuivi, accompagné, guidé souvent par ce vieillard dont il n’aura de cesse de découvrir qui il a été. Cette identité enfin rétablie, il s’offrira à l’arme inconsciente qui fera de son expiation le « mystérieux crime d’Anvers ».
La responsabilité individuelle, les limites de l’obéissance, les devoirs de l’amitié, l’approche inquiète de Dieu, une définition pour la mort, tout cela est contenu dans ce livre et bien plus encore pour qui consent à s’abandonner à sa tendresse.
Le Rendez-vous avec quelqu’un est un roman, et non des moindres, dont on pourrait penser qu’il défie l’analyse tant il est lourd d’angoisses informulées, de pudeurs, de révoltes aussi et de renoncements. Mais, l’ayant lu, l’on ne peut s’empêcher de confier à d’autres son plaisir et son émotion.
Plaisir trop rare qu’apportent une phrase superbement rythmée, une écriture assez simple pour être noble, une construction rigoureuse ; émotion de trouver dans les ombres de ce testament un legs à soi seul destiné. ♦