L’URSS et la Chine devant les révolutions dans les sociétés pré-industrielles
La densité de cette étude, pourtant relativement courte, ne permet guère d’en donner un résumé en quelques lignes. En effet, les auteurs, que leurs précédents ouvrages ont largement fait connaître, y étudient les caractères généraux de la révolution en URSS et en Chine, les traits essentiels de l’opposition entre les deux conceptions du marxisme et les deux pays, avant d’entamer le sujet que le titre définit très clairement.
Conçue comme le détonateur d’une révolution qui devait s’étendre à l’ensemble des pays développés, la révolution léniniste utilise le prolétariat urbain et ne s’intéresse aux masses rurales qu’à la suite de son succès en Russie et de son échec dans le monde capitaliste. Elle prend la suite du régime tsariste et hérite de lui une politique internationale basée sur les intérêts russes. D’inspiration occidentale, elle fait confiance à la technique, fût-ce au détriment des idées, et se trouve contrainte pourtant de revaloriser l’individu. Aussi son attitude vis-à-vis des sociétés pré-capitalistes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine est-elle une application souvent hésitante des expériences soviétiques, elles-mêmes nombreuses et différentes. Elle attend la révolution de l’évolution des faits et des circonstances, de même que de l’éducation et de la formation économique des États sous-développés, et à ce titre, elle favorise tous les partis ou toutes les classes qui peuvent créer des conditions favorables au développement et à l’épanouissement du socialisme.
La révolution chinoise, partie des campagnes et initialement considérée par Mao lui-même comme spécifique et adaptée aux caractères du pays, a recherché constamment, suivant un réflexe oriental, une voie idéologique « pure ». Convaincue de l’avoir trouvée dans « la pensée de Mao », la Chine entend la proposer non seulement comme exemple, mais comme modèle à tous les peuples sous-développés. Elle admet une phase d’action brutale pour la conquête du pouvoir, indispensable à la maturation du marxisme tel qu’il est conçu en Chine.
Ainsi, disent les auteurs, les attitudes respectives de l’URSS et de la Chine devant les problèmes de la révolution dans les pays nouvellement libérés du colonialisme, semblent être davantage motivées par les différences fondamentales entre l’Occident et l’Orient et les aspirations nationales propres à chacun des deux pays que par les divergences idéologiques.
Ce livre est un bon exemple d’une synthèse particulièrement réussie sur les problèmes mondiaux de notre époque et mérite une lecture attentive. ♦