Nous irons travailler sur la Lune
Écrit avant l’échec d’Apollo XIII (11-17 avril 1970, explosion d’un réservoir d’oxygène obligeant à un retour prématuré dans des conditions compliquées) et les conséquences qu’il a eues sur le programme de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), évidemment aussi avant la réussite de Luna XVI (mission spatiale robotique soviétique sur la Lune, 12-24 septembre 1970), ce livre conserve pourtant toute son actualité. Il s’efforce de répondre, de façon pondérée et étayée sur des données scientifiques, à la question que tant d’hommes se sont posée : « Pourquoi va-t-on à si grands frais sur la Lune ? »
Alors que les découvreurs d’autrefois partaient à l’aventure et sans savoir toujours exactement ce qu’ils voulaient ou espéraient trouver, l’exploration spatiale et notamment lunaire a des objectifs précis, d’ordre scientifique. On veut faire avancer nos connaissances dans les domaines de la définition du cosmos, de l’étude du soleil qui régit la vie terrestre, de la cosmologie et de la cosmogonie, de la géologie, de la séismologie, de l’astrophysique, du vide, des très hautes et très basses températures ; la liste n’est pas limitative, puisque pratiquement toutes les sciences ont à gagner dans un élargissement de notre champ d’action et d’observation. Déjà, en ces domaines, les tout premiers résultats obtenus par les astronautes d’Apollo XI et XII (16-24 juillet 1969 et 14-24 novembre 1969), ainsi que par les diverses sondes lunaires, commencent à apporter certaines réponses ou à ouvrir la voie à de nouvelles questions, de façon suffisante pour que l’on puisse faire, sinon des hypothèses, du moins des suppositions qui ne sont pas de science-fiction, sur les futures applications des récentes découvertes et de celles qui les suivront.
Ce sont ces suppositions qui justifient le titre de l’ouvrage et que l’auteur examine dans la troisième partie de celui-ci. Que sera l’industrie lunaire ? Les produits qu’elle permettra d’obtenir seront-ils consommés sur place, exportés vers la Terre ? Sous quel régime ou suivant quelles modalités économiques ? À quel prix ? Et, déterminant l’ensemble de la question, sous quel statut juridique l’exploitation des richesses lunaires pourra-t-elle être faite ? Déjà le Traité spatial de 1967 a prévu l’accès de toutes les Nations à celles-ci, l’interdiction de l’utilisation militaire de la Lune ; la Convention spatiale de 1968 a prescrit l’entraide internationale pour tous ceux qui participent à la recherche spatiale. Évidemment, ce sont des accords qui peuvent être violés, comme le sont trop souvent et depuis si longtemps les traités passés sur Terre ; mais les hommes se trouvent pourtant devant des problèmes nouveaux, dont on peut espérer qu’ils trouveront les solutions, elles aussi nouvelles, grâce auxquelles ils dépasseront leurs intérêts purement terrestres.
L’ouvrage se lit fort aisément, malgré les données scientifiques sur lesquelles il se base et fournit à l’imagination comme à la connaissance ample matière à s’exercer. ♦