Il peut sembler paradoxal de dire que les efforts faits par les marines de tous les pays belligérants se sont finalement soldés par un échec, alors que, de nos jours, la guerre sous-marine semble devoir être la forme principale des opérations navales dans un futur conflit. Cette impression d’échec est cependant bien celle que l’on retire de la lecture de ce livre documenté, qui relate, dans ses différentes phases, dans ses principaux aspects et dans ses péripéties essentielles, l’épopée des sous-marins. Il n’y eut de « guerre sous-marine » que dans l’expression consacrée ; en fait, l’action sous-marine fut toujours une action offensive contre le trafic de surface et ne revêtit jamais, même dans ses périodes d’intensité maximale, qu’une valeur secondaire par rapport à l’ensemble des opérations militaires.

Il est facile de définir les causes de cet état de choses ; d’abord, elles sont de caractère technique ; les découvertes scientifiques et leurs applications technologiques ne s’étaient pas encore suffisamment développées, en 1945, pour permettre la création d’une arme sous-marine pleinement autonome ; le rayon d’action, la vitesse, les capacités de transport, les moyens de feu étaient insuffisants. La seconde raison est d’ordre stratégique ; les chefs militaires et les dirigeants politiques ne croyaient pas à la possibilité de vaincre en utilisant les sous-marins comme moyen principal ; on peut pourtant se demander ce qui serait arrivé si l’Allemagne avait disposé, dès 1940, du nombre de sous-marins que réclamait le futur Amiral Dœnitz ou si elle avait eu plus tard, au moment des débarquements alliés en Afrique du Nord et en Europe, la possibilité de surmonter la défense anti-sous-marine. Cette histoire qu’écrit Léonce Peillard apparaît donc maintenant comme un chapitre de pré-histoire ; elle n’en est pas moins intéressante ; elle groupe en effet en un seul volume l’ensemble des renseignements que l’on peut trouver dans de nombreux ouvrages, mais au prix d’une longue recherche. ♦