Propos ferroviaires
Dans un style agréable et facile, l’auteur brosse, en rappelant ses souvenirs qu’illustrent de très nombreuses anecdotes, un tableau de l’évolution des chemins de fer en France et dans le monde au cours des dernières quarante années. Il insiste davantage sur l’action des cheminots français pendant l’Occupation, dans leurs multiples entreprises de résistance, et termine par un acte de foi dans l’avenir du chemin de fer.
Au-delà des faits rapportés, on peut réfléchir à l’efficacité qu’obtiennent, dans tous les domaines, un nombre élevé de travailleurs unis par l’amour de leur métier, mais plus encore par leur conception du service qu’ils assurent pour la collectivité. Louis Armand indique à quel point la formation d’autrefois, qui apparentait le personnel des chemins de fer à un personnel militaire – les contacts étaient d’ailleurs fréquents et étroits entre les réseaux régionaux et la SNCF et l’Armée, pour d’évidentes raisons – avait une valeur professionnelle et technique, parce qu’elle était avant tout une formation morale. Actuellement, ces liens sont moins étroits, en raison du progrès des autres modes de transport. Mais il reste qu’un ensemble national ou international de voies ferrées doit être desservi par un personnel imbu de l’esprit de discipline, la reconnaissance d’une hiérarchie basée sur la compétence technique. L’introduction de la cybernétique et de l’informatique ne supprime pas le rôle de l’homme ; celui-ci doit demeurer conscient de l’héritage qu’il doit conserver en l’adaptant aux conditions nouvelles de la vie. ♦