Grèves d’hier et d’aujourd’hui
Après avoir retracé l’historique des grèves, présenté sous forme d’une suite de « cas concrets » vécus en France et plus encore à l’étranger, et fait ressortir les différences de nature et de méthodes entre les grèves d’autrefois, dirigées contre un patron au sein d’une économie libérale anarchique, et celles d’aujourd’hui, menées suivant une stratégie et des tactiques chaque jour adaptées aux circonstances, l’auteur aborde une série de réflexions sur le phénomène social constitué par les grèves de notre temps. Il en constate d’abord l’étendue, la fréquence et les diverses motivations, mais pour souligner à quel point la grève est diverse dans ses aspects, dans ses buts, dans ses modalités.
Arme certainement efficace du prolétariat ouvrier et devenue aussi celle du monde des employés et des cadres, rarement spontanée, dirigée par des syndicats qui y intègrent le plus souvent des préoccupations et des visées politiques, elle continue d’être fondamentalement ce qu’elle a toujours été : une révolte contre des conditions de travail jugées inadmissibles. Mais elle est aussi – et sans doute davantage – un moyen d’exploration à plusieurs fins : compter les effectifs sur lesquels un syndicat a effectivement de l’action, tâter les possibilités du patronat pour les exploiter au maximum, juger de la capacité de résistance ainsi que de l’orientation des pouvoirs publics. Se produisant plus souvent dans les grandes entreprises que dans les petites – ce qui rend particulièrement vulnérables les secteurs nationalisés – dirigée sur le plan national et même international, la grève « est autre chose qu’une brusque irruption de la violence dans les rapports sociaux. Elle peut être le coup de sonde qui, crevant les cloisons étanches, établit des contacts nouveaux avec la réalité ». ♦