Brest, porte océane
L’histoire de notre grand port maritime intéressera certainement les marins et tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont des liens avec la Marine. Si les origines de la ville restent l’objet d’hypothèses – celle à laquelle se rallie l’Amiral Lepotier, suivant laquelle elle remonterait au poste romain de Caeso-Britates ne nous a pas semblé plus convaincante que les autres – il n’en est pas de même des circonstances plus récentes qui en firent notre premier port de guerre et notre premier grand chantier de constructions navales. L’auteur rappelle le développement souvent hésitant et les fortunes diverses de cette ville située au « bout de la terre », trop loin du centre de notre pays pour jouer un rôle important dans son économie, au moment où les communications étaient difficiles, mais pourtant si bien placée à l’un des points les plus importants de l’Atlantique. Il n’a garde, évidemment, d’oublier le douloureux calvaire de la cité, entièrement détruite pendant la dernière guerre mondiale, au point que c’est une ville pratiquement neuve qui a remplacé le Brest d’autrefois.
Cette histoire est racontée de façon simple et claire. Nous regrettons cependant que l’auteur ne se soit pas davantage étendu sur le rôle de Brest dans la fondation des empires coloniaux de la France. De cette rade, de ce port, des bords de la Penfeld, sont partis tant et tant de marins et de soldats, d’administrateurs, de missionnaires ; les Brestois et les Bretons ont participé si activement à la vie de nos territoires d’outre-mer que ceux-ci donnent à son histoire un fond que nous aurions aimé voir brosser à grands traits. Et, sur un point de détail, nous aurions été heureux qu’il fût fait mention, parmi les unités qui quittèrent Brest en août 1914, du 2e Régiment d’infanterie coloniale, qui devait s’illustrer – au prix de quelles effroyables pertes ! – à Rossignol, quelques jours plus tard.
On lira et on gardera ce livre, et les Brestois le compléteront de leurs propres souvenirs.